Les meilleurs livres lus cette année? Il y en a quelquesuns, des brillants, des intimes, mais devant l'évidence d'un chef-d'oeuvre, au diable la liste! Je n'irai pas par quatre chemins, l'année 2008 restera celle de La Route...

Ce stupéfiant roman de Cormac McCarthy, paru aux États-Unis en 2006 (Pulitzer 2007) a été publié en traduction française en 2008; il écrase toute la concurrence, comme diraient les vendeurs... Mais je ne veux rien vendre, peut-être n'aimeriez-vous pas un livre aussi brutal. Moi, je n'ai rien lu d'aussi fort, d'aussi bouleversant que le récit de cette marche à deux, un homme et son fils, dans un monde agonisant, une nature pétrifiée, un désert des barbares, dans un temps d'après le désastre quand le désastre est encore bruissant de mort inaboutie et que le pire est inimaginable.

 

Ils marchent. Y a-t-il seulement une route? Ils vont vers le sud, la côte, un littoral... Tout est calciné. Ils ne se parlent que pour organiser l'essentiel de leur survie quotidienne. L'enfant n'a pas de souvenirs, le père pas d'espoir. Leur vie, dont on ne connaît pas l'avant, consiste à avancer pour atteindre ils ne savent quoi, ils ne savent quand. «Il n'y a pas de dieu et nous sommes ses prophètes», écrit McCarthy, qui vient de léguer à la littérature universelle sa non-attente de Godot, un voyage au bout de la nuit un cran plus enfoncé dans le désespoir que chez Beckett et Céline.

Hélas, on fait un film de cette Route. Il ne devrait pas y en avoir avec ces grands livres-là. On n'a pas été capable avec ceux de Céline et de Beckett. Le cinéma a des limites que n'a pas l'infinie littérature!

La route

Cormac McCarthy traduction François Hirsch, L'Olivier