Catherine Mavrikakis a remporté hier le Grand Prix du livre de Montréal pour Le ciel de Bay City, un roman publié aux éditions Héliotrope. Au cours d'une cérémonie qui se tenait à l'hôtel de ville, le maire Gérald Tremblay a remis à la lauréate le certificat idoine, un exemplaire de l'oeuvre primée dans une reliure de luxe d'Odette Drapeau et la bourse de 15 000 $ (qui représente 34,985 millions de moins annuellement que ce qu'exige Bernard Ecclestone pour que son Grand Prix à lui continue d'être présenté à Montréal).

Montréal est «une ville qui nourrit bien ses écrivains», a lancé le président du jury, Georges Leroux, avant de souligner le caractère «éblouissant» du roman de Mme Mavrikakis, son quatrième, et «la très grande ingéniosité du dispositif narratif» conçu par cette auteure atypique originaire de Chicago.

 

«Je me sens toute petite devant de si grands écrivains», a déclaré la lauréate en acceptant son prix. Elle faisait référence à ses collègues finalistes qui, il est vrai, ont fait de 2008 ce que M. Leroux, lauréat 2007 pour son essai Partita pour Glenn Gould, a appelé un «grand cru». Grand cru romanesque, aucun autre genre, parmi les 250 titres proposés, n'ayant accédé à la liste finale. Liste composée de deux titres du Boréal qui sont aussi finalistes aux prix du Gouverneur général (qui sont annoncés ce matin): Naissance de Rebecca à l'ère des tourments de Marie-Claire Blais, présente à la cérémonie d'hier, et Champagne de Monique Proulx. Les autres titres retenus par le jury étaient Je suis un écrivain japonais de Dany Laferrière (Boréal) et Cockroach de Rawi Hage (House of Anansi Press), un roman qui dépeint un Montréal pauvre et violent.

«J'étais un peu gênée quand on m'a dit que je gagnais, mal à l'aise mais très heureuse», a confié à La Presse Catherine Mavrikakis, qui enseigne la littérature à l'Université de Montréal. Mal à l'aise? «Oui... Était-ce vraiment mérité? Mon texte était-il suffisamment maîtrisé, novateur?» se demandait encore l'auteure, pourtant pas étrangère aux récompenses de prestige, elle qui a remporté en 2006 le prix Victor-Barbeau de l'essai de l'Académie des lettres du Québec (pour Condamner à mort - Les meurtres et la loi à l'écran, PUM).

Le jury, lui, a répondu oui à toutes ces questions. Il était composé de la libraire Françoise Careil, de l'auteure et critique littéraire Danielle Laurin, des écrivains Louis Gauthier et Geneviève Letarte et de Robert Schwartswald, directeur du département d'études anglaises de l'Université de Montréal.

Chez Héliotrope, une petite maison du boulevard Saint-Laurent qui n'a que trois ans d'existence, le prix de Catherine Mavrikakis n'a pas de prix... «Il faut beaucoup d'efforts pour faire connaître un livre, nous disait hier l'éditrice Olga Duhamel. La visibilité qu'apporte un tel prix exposera un plus grand nombre de personnes à la grande force du livre de Catherine.»

À deux jours du salon du livre, le timing n'est pas mal... Soulignons que Le ciel de Bay City - «objet de métal hurlant, coupant, brûlant» sur le thème de l'immigration, a écrit notre collègue Marie-Claude Fortin - est aussi finaliste au Prix des collégiens.

Pour les fans, présents et futurs, notons que Catherine Mavrikakis travaille à un troisième roman dont l'histoire se passe aux États-Unis: «C'est le dernier...»