La chick lit continue de faire des émules au Québec. C'est au tour de Nathaly Dufour de livrer une oeuvre construite selon cette structure populaire qui comporte ses propres règles littéraires. Cette fois, la lectrice fait une incursion non pas dans le milieu de la mode ou de l'édition (les deux domaines fétiches du genre) mais plutôt dans le monde féroce du droit, une variante rafraîchissante qui n'est pas dénuée d'intérêt.

Stagiaire dans un grand cabinet d'avocats, Caroline Grenier est ce que l'on appelle dans le milieu «de la bleusaille, de la chair à canon», travaillant d'arrache-pied dans l'ombre des maîtres qui brillent dans les salles d'audience tout en croyant pouvoir s'en approprier le mérite.

Respectant les lois de la chick lit, l'auteure entoure son anti-héroïne de copines délurées abusant des bulles et d'amants potentiels tout en saupoudrant le tout d'un humour décapant et souvent irrésistible. Mais c'est dans le propos que Dufour innove, traitant de cette machine à broyer la dignité des jeunes filles qui se cache sous le vernis des grands cabinets.

Rapidement piégée, la jeune stagiaire entrevoit alors une porte de sortie qui malheureusement se frotte aux bons sentiments et tombe dans un romantisme qui sied mal au récit. C'est peut-être la seule faiblesse de ce premier roman qui a l'audace d'ajouter au genre un point de vue résolument éclairé sur la condition féminine contemporaine. Point de vue étayé par la réelle expérience de l'auteure qui a fui la pratique du droit pour devenir rédactrice pigiste. Réjouissant.

Sous la toge

Nathaly Dufour

Stanké

170 pages, 24,95$

***1/2