Face aux réactions suscitées par sa déclaration de mercredi dernier, l'éditeur parisien de Nelly Arcan a reporté la publication d'un roman inachevé dont l'auteure lui avait envoyé les 40 premières pages. Le roman devait être publié en septembre 2010.

«Aujourd'hui, il n'y a pas de date de publication», a dit l'éditeur du Seuil, Bertrand Visage, en entrevue avec La Presse. «La publication se fera à l'initiative de la famille.»

Va-t-il attendre que la famille le contacte? «Je vais attendre que le temps fasse son oeuvre, a dit M. Visage. Il est trop tôt pour parler de ces questions. Il faut laisser le deuil s'accomplir, les plaies se refermer.»

Par ailleurs, M. Visage tient à préciser qu'il n'a pas l'intention de mandater quelqu'un pour trouver les codes d'accès de l'ordinateur de Nelly Arcan. Il affirme que cette idée est une possibilité, une hypothèse qu'il a simplement évoquée. «Les objets personnels de Nelly Arcan appartiennent à sa famille, et parmi ceux-là, en premier lieu, son ordinateur.» «Et je sais que l'ordinateur de Nelly Arcan, personne n'en connaît le code, même pas son compagnon.»

Au-delà du cas récent de Nelly Arcan, M. Visage considère-t-il qu'un éditeur peut publier des journaux intimes d'un écrivain décédé? «Si l'obstacle moral est levé, il y a la question de l'intérêt littéraire des textes intimes», répond M. Visage. Et comment lève-t-on l'obstacle moral? «Il faut vérifier qu'aucune personne vivante n'est mise en cause et que les ayants droits de l'écrivain sont d¹accord avec la publication.»