Depuis lundi dernier, les internautes doivent payer pour avoir accès au contenu papier du quotidien Le Monde. En juin, ce sera au tour du Times de Londres d'ériger un «mur payant». Le New York Times compte faire payer l'accès à certains articles à compter de 2011. Le Wall Street Journal (WSJ) a été un des premiers quotidiens à le faire, il y a plus de 10 ans.

Les journaux ne sont pas les seuls à vouloir vendre leur contenu sur le web. Le réseau américain ABC doit accoucher d'une stratégie payante pour juin prochain.

 

De plus en plus d'éditeurs semblent s'être rangés derrière Rupert Murdoch, magnat de la presse britannique, qui a toujours prétendu qu'il était suicidaire d'offrir son contenu gratuit sur l'internet.

À l'époque, on l'accusait d'être un dinosaure et de ne rien comprendre au cyberespace. Aujourd'hui, face à la chute des revenus publicitaires, les gens sont moins catégoriques.

Facturer ou non pour rendre son contenu accessible sur l'internet? C'est LA question de l'heure dans l'industrie des journaux.

De l'avis de plusieurs, il faut trouver l'équilibre entre le contenu payant et le contenu gratuit, comme le fait le Wall Street Journal avec beaucoup de succès.

Même Chris Anderson, éditeur du magazine Wired et avocat de la gratuité sur le web (il est l'auteur de FREE, publié en 2009), reconnaît que l'approche du WSJ est la plus sensée à l'heure actuelle.

Le WSJ estime qu'il ne faut pas faire payer pour accéder aux chroniqueurs vedettes. Au contraire, ce sont eux qui attirent les internautes sur votre site, a déjà expliqué l'éditeur exécutif de la version en ligne du WSJ, Alan Murray.

Il faut plutôt offrir des contenus gratuits (arts, nouvelles générales, etc.) et faire payer pour des contenus plus pointus qui ont une valeur aux yeux des lecteurs. Ces contenus peuvent être des informations financières spécialisées, des prédictions pour un secteur économique particulier ou encore les chroniques de vin d'un critique réputé. Il n'y a pas de système unique, selon Murray, mais bien une formule hybride à mettre au point.

Un point de vue que bien des éditeurs partagent mais que d'autres réfutent complètement. C'est le cas de l'éditeur du Christian Science Monitor (CSM). En entrevue au site paidContent, il a déclaré qu'à son avis, le mur payant n'est pas la voie à suivre. Le CSM a laissé tomber sa version papier l'an dernier et publie désormais un hebdomadaire en plus d'être présent en ligne au quotidien. Selon lui, les journaux doivent surtout se concentrer à produire un contenu enrichi et se demander constamment comment garder les lecteurs sur leur site en enrichissant et en approfondissant les différents articles et dossiers sur un sujet donné.

Une chose est certaine, tout le monde s'entend pour dire que les journaux traversent une période laboratoire au cours de laquelle chaque expérience est scrutée à la loupe, décortiquée, analysée par les concurrents. Personne ne s'imagine que les revenus d'abonnement seront équivalents aux revenus publicitaires des beaux jours, mais tout le monde espère qu'il y a là le début du commencement d'un nouveau modèle économique pour les journaux.n

Lu sur Twitter

À propos de l'affaire Rapaille, à Québec

@RémyCharest commence à se dire que Clotaire Rapaille valait peut-être le total de son contrat... en valeur de divertissement.

«Si les yeux de monsieur Labeaume étaient des mitrailleuses, on ramasserait les cadavres de journalistes à la pelle.»

«Rapaille devrait refaire l'image de la FTQ.»

À consulter

Si vous voulez poursuivre votre réflexion sur la gratuité et les contenus payants, je vous conseille le site paidContent.org. Propriété de Guardian News, ce site consacré à l'économie des contenus publie des analyses, des entrevues, des réflexions stimulantes entre patrons et spécialistes du milieu des journaux, mais aussi de la télévision, de l'édition, etc. On peut également s'abonner au compte Twitter (@paidcontent). Et contrairement au nom, l'accès au site et à ses contenus est gratuit...

À lire

Le dernier numéro de Wired présente un super dossier (Tabula Rasa) sur les tablettes numériques (pensez iPad) et comment elles vont changer le monde, rien de moins... L'iPad arrive en magasin aujourd'hui aux États-Unis, à la fin avril au Canada. Plus qu'un joujou pour gens riches, la tablette numérique pourrait représenter l'avenir pour les jeunes des pays en voie de développement qui n'ont pas accès à l'école et aux bibliothèques. C'est du moins l'avis de Nicholas Negroponte, auteur et gourou du web, interviewé dans cet excellent dossier. En kiosque maintenant.