Des révélations qui secouent les colonnes du temple, une révolution technologique, des nouvelles hypermédiatisées et... un procès! Dans les médias, l'année 2010 a été riche en rebondissements. Voici ce que nous en avons retenu.

1. Clotaire Rapaille

Au carrefour de la politique, de la publicité et des médias, l'affaire Clotaire Rapaille aura été un moment honteux dans l'histoire de la Ville de Québec et de son maire, Régis Labeaume. Le spécialiste du marketing avait comme mission de trouver le «code génétique» de la Vieille Capitale et d'accoucher d'une formule magique: l'image de marque (le branding) de la ville. Québec n'est pas la première ni la dernière ville à se livrer à un tel exercice, mais la manière dont toute l'opération a été menée est responsable de l'échec de la démarche. L'expérience aura au moins provoqué de nombreux fous rires.

2. Julian Assange et Wikileaks

Julian Assange n'a peut-être pas été choisi personnalité de l'année par le magazine Time, mais il a sans contredit marqué l'année 2010. Le fondateur de WikiLeaks n'est pas au bout de ses peines, et on n'a pas fini d'évaluer l'ampleur des révélations qu'il a faites dans son site. Auront-elles un impact à court, à moyen ou à long terme? Chose certaine, le dévoilement de documents confidentiels et de secrets diplomatiques a fait de lui une sorte de héros des temps modernes. Il incarne aujourd'hui, aux yeux d'une partie de la population mondiale, la revanche des citoyens ordinaires contre les grandes institutions qui contrôlent l'information.

3. Les jumeaux de Céline

Impossible de passer à côté de cette grossesse hypermédiatisée. Du premier essai in vitro à l'annonce qu'il s'agissait de jumeaux (et même de triplés, a-t-on appris par la suite!), aucun détail ne nous a été épargné: le nom de l'acupunctrice, l'accouchement étape par étape, l'allaitement, les nuits blanches... À voir ou à revoir: l'excellente parodie de Marc Labrèche à l'émission 3600 secondes d'extase. Un René Angélil frappant de ressemblance, deux bébés en plastique dans les bras. Impayable.

4. Journalisme d'enquête

Le journalisme d'enquête a connu un véritable âge d'or au cours de la dernière année. On ne compte plus les révélations-chocs sur le milieu de la construction, les firmes de génie-conseil et le financement des partis politiques, dévoilées par l'équipe de l'émission Enquête de Radio-Canada ainsi que par La Presse et Le Devoir. Faute d'une commission d'enquête publique, les Québécois ont eu un aperçu des mécanismes de la collusion et de la corruption grâce au travail journalistique de fond.

5. Lancement de l'ipad

Arrivé dans les magasins le 28 mai dernier, l'iPad amorce un changement profond dans la façon de consommer journaux et magazines. Pour l'instant, seulement 4% des ménages québécois posséderaient un iPad, mais à voir le nombre de produits similaires envahir le marché, on comprend que la tablette numérique, peu importe la marque, est en train de se tailler une place dans les habitudes des Québécois. Le monde des médias dans son ensemble (journaux, magazines, films, livres, etc.) est en train de se redéfinir.

6. Haïti et Twitter

Le 12 janvier 2010, la terre a tremblé en Haïti. Quelques instants plus tard, l'onde de choc s'est fait sentir sur Twitter, réseau social qui compte désormais plus de 175 millions d'utilisateurs dans le monde. Messages, avis de recherche, information, Twitter a servi de carrefour lors de la tragédie. C'est également sur Twitter qu'ont été publiées les premières images de la catastrophe. Aujourd'hui, un peu moins de 10% de Québécois sont abonnés à ce fil de presse nouveau genre sur lequel on trouve de tout, le meilleur comme le pire.

7. Sun TV News

Onde de choc, le printemps dernier, lorsqu'on a appris que Sun Media projetait le lancement d'une chaîne d'information continue de langue anglaise. Patriotique, elle devait faire une belle place aux analystes et commentateurs de droite, peu représentés, selon les porte-parole de Sun, dans les médias canadiens. Le CRTC a donné le feu vert, mais les câblodistributeurs ne seront pas obligés de l'offrir à leurs abonnés. La chaîne doit être lancée le mois prochain.

8. Du sens du mot «voyou»

Procès médiatisé s'il en est un, la cause opposant le PDG de Quebecor Media, Pierre Karl Péladeau, au patron de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, a permis la tenue d'un cours de médias 101: les patrons de La Semaine et de L'actualité ont été appelés à expliquer au juge le fonctionnement de leur magazine respectif. Bien des gens occupés se seront déplacés durant ce procès, dont l'origine est une déclaration de M. Lafrance, qui a comparé le comportement de M. Péladeau à celui d'un «voyou». Une affaire qui aurait pu se régler entre adultes raisonnables...

9. 24h dans le métro

Le quotidien gratuit 24h a remporté l'appel de propositions lancé par la STM et pourra dès l'an prochain franchir les portes du métro. Il se peut qu'on le trouve également dans les autobus. Est-ce que ce nouveau partenariat signifie que l'espace public de la STM sera désormais monopolisé par Quebecor Media (téléphones et bornes internet Vidéotron, LCN sur les écrans, etc.)? La STM n'a rien révélé pour l'instant.

10. Montréal-Matin, le retour

Montréal-Matin va-t-il ressusciter dans le paysage journalistique québécois? C'est ce que souhaite l'éditeur Claude J. Charron (La Semaine), qui a racheté le nom de l'ancien journal dans le but de lancer un quotidien sur l'internet seulement. Il serait accompagné d'un hebdomadaire imprimé. M. Charron est peu loquace sur les détails de son projet mais, l'automne dernier, il a dit qu'il était en mode embauche, preuve qu'il est sérieux dans sa démarche. Cette nouvelle publication, si elle voit le jour, pourrait faire mal à Rue Frontenac, autre quotidien en ligne accompagné d'un hebdomadaire imprimé, lancé le 28 octobre dernier par les lock-outés du Journal de Montréal. La suite en 2011.