Quand elle a débuté au micro de 275-allô, en mars 2007, Annie Desrochers espérait ne pas y rester trop longtemps. Déjà responsable de la revue de presse à l'émission de Joël Le Bigot, elle remplaçait Valérie Letarte, partie en congé de maladie. Le contrat devait durer une semaine, et Annie souhaitait sincèrement que sa collègue guérisse et revienne rapidement. La suite malheureuse des événements (Valérie Letarte est morte le 28 décembre 2008) l'a toutefois confirmée dans ce rôle de «grande amie» des jeunes auditeurs de la Première Chaîne de Radio-Canada.

Annie Desrochers est elle-même un pur produit radio-canadien. Elle a commencé sa carrière radiophonique en Allemagne, dans une base militaire où elle vivait avec ses parents. C'est Radio-Canada International qui supervisait le travail des stations de radio, là-bas. Annie y a fait ses premiers pas comme bénévole avant d'être embauchée officiellement. «À l'époque, la philosophie de Radio-Canada était de prendre les jeunes en charge et de les former», raconte-t-elle. À son retour à Montréal, on lui a donc conseillé de terminer ses études. Après un bac en communications, elle a travaillé en Ontario avant de collaborer à Macadam Tribu et à d'autres émissions de la Première Chaîne.

Tous les animateurs d'émission pour enfants vous le diront: travailler avec les jeunes représente un défi particulier. Tout est dans le ton, et il faut absolument éviter de prendre ses auditeurs de haut. «Au début, se souvient Annie Desrochers, je leur marchais sur les pieds, je ne respectais pas les silences, les temps morts... Je ne comprenais pas le rythme. Ce sont des choses qui s'installent avec le temps. Récemment, j'ai réécouté des disques de Bobino avec mes enfants. J'ai été surprise par la qualité de la langue, très soutenue, et le ton jamais gnangnan. C'est ce que je vise.»

L'émission 275-allô en est à sa 22e saison. Le réalisateur actuel, à ce poste depuis le milieu des années 90, a confié à Annie Desrochers que, malgré les années, les enfants ne changent pas vraiment. «Bien sûr, ils vont sur l'internet, ils sont branchés, ils sont sur Facebook, mais sur les grands thèmes, ils ne sont pas si différents de leurs aînés.» Et, semble-t-il, ce sont les mêmes sujets qui les font vibrer: «Avec les plus jeunes, quand on parle d'animaux, les lignes explosent», affirme l'animatrice, qui dispose de son propre groupe échantillon à la maison, ses quatre enfants de 2 à 9 ans. «On observe le même intérêt pour les émissions consacrées aux métiers. L'autre jour, nous avons invité un pompier, le téléphone n'a pas dérougi.»

Au fil des ans, l'émission s'est assuré un auditoire solide. Même les adolescents - ceux dont on dit qu'ils n'écoutent plus la radio - demeurent fidèles à ce rendez-vous. «Bien sûr, pour les rejoindre, on passe désormais par les réseaux sociaux comme Facebook, mais ils sont toujours contents de venir à l'émission, ils ont besoin de cette prise de parole», estime Annie Desrochers.

Comme dans les céréales Mini-Wheats, il y a deux côtés à la personnalité professionnelle d'Annie Desrochers: une fois la semaine terminée, elle quitte l'univers des jeunes pour intégrer celui des vétérans, les Joël Le Bigot, Richard Garneau et Gilles Archambault, qui forment l'équipe des émissions du week-end Samedi et rien d'autre et Pourquoi pas dimanche. «C'est un autre univers complètement, note-t-elle. À la différence de la revue de presse de la semaine, très ponctuelle, on peut s'éloigner de l'information-choc la fin de semaine et parler des grands dossiers, des magazines, etc. Mais ce qui m'impressionne le plus, ce sont mes collègues: ils travaillent comme des bêtes. Le Bigot est très perfectionniste, Archambault est encore nerveux avant de lire son billet, Garneau arrive avec une feuille, super bien préparé. Ce sont des pros, mais ils ne tiennent rien pour acquis. J'ai beaucoup d'admiration pour eux et je trouve que j'ai bien de la chance de pouvoir travailler à leurs côtés.»

Les sources d'Annie Desrochers

Annie Desrochers passe environ cinq heures par jour devant l'écran d'un ordinateur. En plus de lire les quotidiens, elle lit plusieurs magazines comme The Economist, Business Week, Le Nouvel Observateur... Elle consulte les sites nytimes.com, cyberpresse.ca, cnn.com et radio-canada.ca. Elle aime également le site de l'émission Frontline, Digital Nation, sur le site de la chaîne PBS (pbs.org). Le week-end, elle apprécie particulièrement le Globe and Mail (surtout le cahier Focus) et le New York Times du dimanche. Bien sûr, elle écoute beaucoup la radio. Parmi ses préférés: «Paul Arcand, Michel Desautels, et j'écouterais Joël Le Bigot si je ne travaillais pas à son émission. J'aime aussi les deux Mario (Langlois et Tremblay, à l'émission Du hockey on en mange), sur CKAC. Je trouve que c'est une émission qui ramène aux sources du métier: deux gars en direct devant un micro. J'adore.»

Aux fins de sa revue de presse, elle passe également beaucoup de temps sur Twitter, où elle s'est bâti un fil de presse. «C'est incroyable comme outil, ça m'aide à synthétiser l'information. Par contre, je ne suis pas très active sur Facebook.»

Auteure avec Madeleine Allard d'un livre sur l'allaitement (Bien vivre l'allaitement, aux éditions Hurtubise), Annie Desrochers anime également un blogue (bienvivrelallaitement.com) avec sa coauteure.