Un très grand nombre de parents ont suivi les tribulations d'Amy Chua au cours des dernières semaines. Cette professeure de droit à la prestigieuse Université Yale a publié un livre, Battle Hymn of the Tiger Mother, dans lequel elle vante les compétences parentales des mères asiatiques, écorchant au passage les parents occidentaux, beaucoup trop mous selon elle. La publication, dans les pages du Wall Street Journal, d'un extrait de son livre où elle énumère ce qu'elle permet et interdit à ses filles a eu, sans exagération, l'effet d'une bombe.

En l'espace de quelques heures, le site du Wall Street Journal a été assailli de commentaires de parents piqués au vif, qui souhaitaient réagir à cet article, s'indigner, etc. D'autres lecteurs tenaient à dire à Mme Chua à quel point ils approuvaient ses méthodes.

En date de vendredi dernier, le Wall Street Journal avait reçu plus de 7600 commentaires à propos de cet article.

La réaction a rapidement dépassé les frontières des États-Unis. De Singapour à Paris, en passant par New York et Montréal, des parents ont pris le clavier pour ajouter leur grain de sel, participer à des forums de discussion, tweeter ou bloguer à propos des bonnes et des mauvaises manières d'élever des enfants. Les médias européens ont eux aussi parlé du livre et du phénomène qu'il a provoqué.

Il n'y a pas si longtemps, lorsque la publication d'un livre soulevait une controverse, les journaux publiaient quelques lettres de lecteurs, on en discutait dans les tribunes radiophoniques et on pouvait s'attendre à quelques opinions bien senties de la part de chroniqueurs.

Les médias sociaux ont tout changé. Twitter et Facebook décuplent les réactions. Quelques jours après la publication de l'extrait du livre d'Amy Chua dans le Wall Street Journal, plus de 334 000 internautes avaient cliqué le bouton «J'aime» sur la page Facebook du quotidien alors que, sur Twitter, on pouvait lire des milliers de commentaires sous le mot-clé #AmyChua.

Les publicitaires rêveront toute leur vie d'un tel succès de marketing viral. Ce qui est réjouissant dans le cas du livre d'Amy Chua, c'est qu'il ne s'agit pas d'une banale publicité ou d'une vidéo stupide montrant un hamster coincé dans sa roue. Non, cette traînée de poudre virtuelle quasi planétaire avait pour objet une discussion enflammée à propos de la meilleure manière d'élever des enfants.

Réjouissant aussi parce que, grâce à l'internet, des parents qui n'avaient aucune chance de se croiser au parc ou à l'aréna du quartier (puisqu'ils ne vivent pas dans la même ville ou le même pays) ont pu prendre part à la même conversation. Au cours des dernières semaines, il était fascinant de lire des commentaires de parents français, indiens, israéliens, californiens ou québécois sur la discipline, les châtiments corporels, la permissivité, etc.

Grâce à l'effet viral des médias sociaux, Amy Chua et son éditeur sont sans doute plus riches aujourd'hui qu'ils ne l'étaient avant de publier leur livre. Mais ils ne sont pas les seuls à s'être enrichis. La discussion aussi.

L'histoire en direct sur Al-Jazira

Vendredi dernier, un peu partout sur la planète, un très grand nombre d'internautes étaient branchés à la même adresse: english.aljazeera.net/watch_now/. Alors que tous les regards étaient tournés vers l'Égypte, le gouvernement du pays faisait un geste inconcevable en coupant l'accès à l'internet.

Qu'à cela ne tienne, la télévision arabe a diffusé en direct les images des manifestants qui protestaient dans les rues du Caire, et ce, même plusieurs heures après l'imposition d'un couvre-feu. Les images des Égyptiens en colère étaient entrecoupées d'entrevues avec des journalistes, des universitaires spécialistes du Moyen-Orient et la conférence de presse du porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs. Une couverture captivante. Difficile, cela dit, de ne pas être troublé de pouvoir regarder en direct, dans le confort de notre bureau ou de notre salon, une révolution se dérouler sous nos yeux.

L'histoire secrète des réseaux sociaux

Les séries produites par la BBC sont particulièrement bien faites. En voici une nouvelle, offerte en baladodiffusion, consacrée à l'histoire des réseaux sociaux dont l'origine remonterait aux années 70 alors que hippies et bidouilleurs en informatique rêvaient déjà d'une nouvelle communauté en ligne. Aujourd'hui, cette communauté existe et réunit des millions de personnes dans le monde entier. Elle faciliterait même les révolutions...

Pour télécharger ce document en trois parties: www.bbc.co.uk/podcasts/series/shsn