Onde de choc, hier midi, lorsque l'animatrice Christiane Charette a annoncé par voie de communiqué qu'elle quittait son émission quotidienne à la Première Chaîne de Radio-Canada. La dernière aura lieu comme prévu, le 3 juin prochain et l'animatrice ne sera pas de retour à l'automne.

«Ce n'était pas une décision facile à prendre, je l'ai prise graduellement, a-t-elle confié hier après-midi. Cinq ans pour moi, c'est symbolique. C'est aussi le plus grand nombre d'années consécutives passées au même endroit. J'ai envie de nouveaux projets, d'élargir mes horizons.»

Ce n'est pas la première fois que Christiane Charette se «met en danger» professionnellement. Il y a sept ans, l'animatrice avait surpris tout le monde en quittant son émission de télévision hebdomadaire. «À l'époque, je voulais arrêter complètement et prendre du temps pour moi», explique-t-elle. La pause avait duré deux ans. «Cette fois, c'est différent. Je veux travailler sur des projets, me mettre en disponibilité. Quand on anime une émission comme la mienne, enfermée dans un studio sombre et entourée d'une équipe de rêve, c'est très accaparant. On est coupée de beaucoup de choses. Là, j'ai envie de m'ouvrir à d'autres possibilités. Je me force à bouger.»

Sa décision est d'autant plus déchirante à prendre, ajoute-t-elle, qu'elle achève une très belle année «passée avec une équipe vraiment formidable qui va me manquer beaucoup».

Par voie de communiqué, le nouveau patron de la radio de Radio-Canada, Patrick Beauduin, a précisé que «Mme Charette était une des personnalités parmi les plus marquantes de la radio de Radio-Canada, à laquelle nous tenons beaucoup. Toutefois, nous devons respecter sa décision et nous sommes très ouverts à collaborer avec elle sur d'autres projets.» L'animatrice assure que cette volonté est complètement réciproque: «Radio-Canada, d'une certaine façon, c'est chez moi», lance-t-elle.

Qu'est-ce qui attend Christiane Charette?

Pour l'instant, l'animatrice assure qu'elle n'a pas de projets précis. «La production est quelque chose qui m'intéresse, mais je veux aussi continuer à animer, dit-elle. Éventuellement, je pourrais aussi produire une émission que je n'anime pas.»

Le débat lancé il y a quelques semaines par le journaliste du Devoir Stéphane Baillargeon à propos de la «madamisation» des ondes de la Première Chaîne (le fait qu'on accorde trop de temps d'antenne, selon lui, à des sujets féminins, donc légers, au détriment de sujets plus sérieux comme la philosophie ou la critique littéraire) a-t-il influencé sa décision?

«Pas du tout, répond l'animatrice sans hésitation. J'avais entrepris ma réflexion avant. Ce n'est jamais agréable de lire des choses négatives à son sujet. Mais je revendique ma liberté de parole alors je reconnais celle des autres, ils ont droit d'écrire ce qu'ils pensent, ça fait partie du métier. C'est blessant, mais ce n'est pas la première fois que ça se produit. À l'époque de mon entrevue avec Bernard Landry, il s'était écrit des choses très dures à mon sujet. C'est difficile, mais avec le temps, j'ai appris à encaisser. Sinon, je ne pourrais pas continuer à faire ce métier-là.»

La case occupée par Christiane Charette, de 9 h à 11 h, est très recherchée et plusieurs noms circulent comme éventuel remplacement de l'animatrice. Franco Nuovo, qui reprend ce micro cet été? Catherine Perrin, qui remplacera Joël Le Bigot durant les vacances? Ou une voix complètement nouvelle, pour bien marquer le changement? Les paris sont ouverts.