Dans moins de 10 jours, après une saison estivale bien remplie, Marie-Louise Arsenault prendra la barre d'une nouvelle émission culturelle diffusée quatre soirs par semaine sur les ondes de la Première Chaîne. Rencontre avec une fille branchée sur la créativité.

Contrairement à la plupart d'entre nous, Marie-Louise Arsenault n'aura pas beaucoup de souvenirs de vacances à partager cette année. À la barre de deux émissions cet été, Carnets d'Amérique (avec Jean Fugère) et Vous m'en lirez tant (dont la dernière sera diffusée le 21 août), l'animatrice aura à peine le temps de faire ouf! qu'elle reprendra le collier, le 22 août prochain, au micro d'une nouvelle émission consacrée à l'écriture.

L'annonce de la disparition de l'émission littéraire, le printemps dernier, avait créé une certaine commotion chez les auditeurs de Radio-Canada. La Première Chaîne riposte avec une émission quotidienne, Plus on est de fous, plus on lit, qui sera diffusée en direct du lundi au jeudi, à 20h.

Marie-Louise Arsenault est emballée par ce nouveau défi, d'autant plus qu'elle sera entourée d'une équipe de jeunes collaborateurs dirigée par Marie-Claude Beaucage, ex-réalisatrice de Christiane Charette en direct. Marie-Louise Arsenault fera également appel à une importante banque de chroniqueurs parmi lesquels les habitués de Vous m'en lirez tant retrouveront Biz, Daniel Turcotte et Jici Lauzon.

«Ce ne sera pas une émission sur les livres, mais bien une émission qui parlera de l'écriture sous toutes ses formes, c'est-à-dire littéraire, mais aussi théâtrale, cinématographique, poétique, etc.», précise l'animatrice.

Il y aura un club de lecture (lundi), un débat (mardi), une table ronde (mercredi) et des performances (jeudi). Les comédiennes Catherine Trudeau et Émilie Bibeau, entre autres, collaboreront à l'émission sur une base régulière. De son côté, le poète Jean-Paul Daoust récitera un poème en lien avec l'actualité alors que le journaliste de Radio-Canada Jean-Philippe Cipriani abordera l'actualité par les livres. Il sera aussi question des mots à la mode dans le langage courant (pensons à «paralumes») en compagnie du professeur de l'Université McGill et écrivain, Alain Farah. Bref, c'est un véritable magazine culturel qu'orchestrera l'animatrice qui dit se préparer pour la nouvelle saison comme ces athlètes qui s'entraînent pour une performance sportive.

La liberté avant tout

Malgré ses allures d'adolescente, Marie-Louise Arsenault roule sa bosse depuis presque 20 ans dans le milieu des médias. Collaboratrice à l'émission Flash (TQS), animatrice, réalisatrice, chroniqueuse dans les pages de l'hebdomadaire ICI, c'est une tête forte qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense. Personne n'a oublié sa sortie spectaculaire contre Denise Bombardier il y a une dizaine d'années. Arsenault, alors âgée de 29 ans, avait fait irruption sur un plateau de télévision, en direct, pour répondre aux attaques de la célèbre journaliste qui reprochait aux jeunes chroniqueuses culturelles leur superficialité et leur manque de rigueur.

Marie-Louise Arsenault avait surgi sans s'annoncer, brandissant un livre aux pages annotées et aux extraits soulignés. Elle s'était défendue bec et ongles. Son geste, audacieux, avait fait couler beaucoup d'encre à l'époque. «Les gens m'en parlent encore aujourd'hui et ce qui me surprend, c'est que ce sont surtout des jeunes, raconte Marie-Louise Arsenault en riant. Certains avaient 10 ou 11 ans à l'époque. Et on ne trouve même pas l'extrait sur YouTube! Si c'était à refaire, je referais la même chose. Je n'ai pas réfléchi, j'ai simplement réagi pour défendre mon intégrité et ma réputation. C'était vital pour moi!»

Sa carrière a connu des moments plus calmes, mais l'animatrice n'a jamais manqué de travail et on peut dire que 2011 est SON année. En plus d'avoir réalisé et coanimé Carnets d'Amérique et d'avoir repris le micro de Lorraine Pintal, Marie-Louise Arsenault a conçu un excellent documentaire radiophonique sur Denise Filiatrault, diffusé plus tôt cette année sur les ondes de la Première Chaîne. «La précarité n'est pas toujours rassurante, mais j'aime ma liberté et j'ai toujours pu travailler de façon créative, souligne la jeune femme. Pour moi, c'est ce qui est le plus important.»

Aurait-elle aimé remplacer Christiane Charette qui a annoncé son départ de la Première Chaîne le printemps dernier? «Plusieurs personnes m'en ont parlé, mais je trouve encore plus stimulant de créer quelque chose de neuf, qui n'existait pas avant, que de succéder à quelqu'un à qui on me comparera obligatoirement», répond-elle.

Objectif: découverte

L'animatrice, qui a fait ses premiers pas à Radio-Canada à la barre de l'émission de télévision Jamais sans mon livre, affirme qu'elle n'a pas «choisi» les livres, «ils se sont imposés par eux-mêmes tout comme je n'ai pas choisi la radio plutôt que la télévision, les choses sont arrivées comme ça, de façon improvisée. J'aime la culture en général, je me tiens proche de l'avant-garde, j'aime défricher et découvrir de nouveaux talents. Ça tombe bien puisque c'est un des mandats de l'émission.»

En effet, la nouvelle équipe de direction de la radio, composée de Patrick Beauduin et d'Anne Sérode, souhaite renouveler son auditoire vieillissant et, visiblement, Marie-Louise Arsenault fait partie de leurs plans. «Si on veut que la radio publique survive, il faut attirer les jeunes», note l'animatrice qui estime que la meilleure façon d'intéresser les moins de 40 ans, c'est en leur donnant la parole, ce qu'elle compte bien faire dans le cadre de Plus on est de fous, plus on lit.

Les médias sociaux sont une pépinière de choix pour aller dénicher des gens qu'on n'entendait pas auparavant, poursuit l'animatrice qui se dit tout à fait en accord avec la volonté de la nouvelle direction de la Première Chaîne de s'éloigner du discours marchand et de ne pas nécessairement se soumettre «à la run de lait qui fait que toutes les émissions reçoivent le même écrivain la même journée ou la même semaine. On essaiera d'interviewer les écrivains étrangers à la sortie de leur livre et non lorsqu'ils sont en tournée de promotion au Québec», ajoute-t-elle.

À l'heure du So-lo-mo (social-local-mobile), la radio est LE média de choix selon l'animatrice. «On oublie que la radio est le média mobile par excellence, observe Marie-Louise Arsenault. On peut l'écouter où on veut, quand on veut. Il permet une intimité que la télévision ou l'internet ne permettent pas. Avec l'arrivée des médias sociaux, les médias traditionnels ne sont plus les premiers à informer. Ce qui nous distingue maintenant, c'est la profondeur et c'est ce que mon équipe et moi voulons apporter avec l'émission.»