Radio-Canada a annoncé mardi la suspension du contrat de l'animateur Jacques Languirand au lendemain d'une sortie jugée inacceptable par la direction.

Dans une note interne transmise par les Services français de la société d'État, on peut lire qu'«au cours du lancement de la radio qui se tenait hier (lundi), Jacques Languirand, animateur à la Première Chaîne, a tenu publiquement des propos particulièrement injurieux à l'égard de certains collègues et du service des communications».

«Suite à cet esclandre, Patrick Beauduin, directeur général de la radio, annonce que le contrat qui lie Radio-Canada à M. Languirand est suspendu. De même, l'entrée en ondes de son émission Par 4 chemins est reportée jusqu'à ce que l'étude du dossier se rapportant aux événements survenus soit complétée.»

Selon les informations publiées mardi dans le quotidien Le Devoir, le vieux routier a critiqué avec véhémence les responsables des communications de la radio, à qui il reprochait d'avoir omis de l'inclure dans l'émission de dévoilement de la programmation radio 2011-2012.

«Ces imbéciles (...) ont oublié de me mettre sur ce plateau alors que, cette année, j'entreprends ma 41e saison de l'émission «Par 4 chemins»', a-t-il lancé, avant de faire un doigt d'honneur devant une dizaine de ses collègues et les patrons de la boîte.

Quelques heures après l'événement, le journaliste François Bugingo s'est porté à la défense de l'animateur par l'entremise d'un réseau social.

«Chapeau bas au plus grand des esprits libres de nos médias, Jacques Languirand, qui n'a pas hésité à bousculer le lancement de Radio-Can», peut-on lire sur son fil Twitter.

Le réalisateur Yves Simoneau s'est aussi rangé du côté de l'animateur: «40 années qu'il nous fait réfléchir mais on dirait que quelqu'un n'a pas pris le temps de penser longtemps avant de suspendre Mr Languirand!», a-t-il dénoncé mardi sur Twitter.

Le réseau social Facebook est également entré dans la valse d'appuis au vénérable communicateur, alors que peu après 22 h mardi soir, plus de 1900 internautes lui avaient manifesté leur soutien.

«Je me suis déjà dit »lui il est intouchable«, on ne peut pas le mettre de côté. C'est comme enlever la statut de la Liberté à New York!», a comparé Caroline Poitras.

«J'ai grandi avec Jacques Languirand, il ne faut pas que sa voix disparaisse des ondes!», a renchéri Martin Allard.

Mais la plus belle marque d'affection envers M. Languirand est venue de Claude La Roche.

«Je dois beaucoup à Jacques Languirand. Je n'aurais sans doute pas fait d'études en philosophie s'il n'avait pas été là. Et un coup à l'université en philo, je n'aurais sans doute pas non plus cultivé un intérêt pour la psycho. Ça, c'était il y a un peu plus de 20 ans. Pendant toutes mes études, il a été une voix alternative d'une grande qualité. Sa curiosité vive, son sens de l'émerveillement, ses découvertes, un espèce de calme passionné... c'est un héritage d'une immense valeur.»

La chef de la promotion de Radio-Canada, Nathalie Moreau, estime que Jacques Languirand «avait tout le loisir d'accorder des entrevues aux journalistes qui étaient présents».

Elle a refusé de jeter le blâme sur le service des communications de la société d'État, celui-là même qui a été vilipendé par l'animateur. «M. Languirand a été invité à l'événement de presse par Radio-Canada. Nous n'émettrons aucun autre commentaire que ce qui est indiqué dans la note (qui a circulé à l'interne)», a tranché Mme Moreau.

L'entrée en ondes de l'émission est donc reportée «jusqu'à ce que l'étude du dossier qui se rapporte aux événements soit complétée», a réitéré Mme Moreau, qui a refusé de préciser si Jacques Languirand touchera son salaire pendant la durée de la suspension.

Quant à M. Languirand, «il n'émettra pas de commentaires», a tranché une des ses collaboratrices lorsque La Presse Canadienne a tenté de le joindre par téléphone.