En avril dernier, Lonnie Jordan, le claviériste de War, est remonté sur scène au Royal Albert Hall de Londres avec Eric Burdon, chanteur original de la formation. Après ces retrouvailles d'un soir, il a repris la route avec son groupe, dont il reste le seul membre original. Il sera demain à Montréal.

The War parcourt ces jours-ci l'Amérique pour interpréter Why Can't We Be Friends, Low Rider, Spill The Wine et autres succès des années 60 et 70 grâce auxquels il a vendu plus de 50 millions de disques. Demain, War s'arrêtera à l'Olympia de Montréal.

«La réaction est meilleure que jamais, assure Jordan, manifestement de bonne humeur. Nos vieux fans viennent nous voir, mais aussi des plus jeunes.»

Plusieurs de ces jeunes ont découvert le groupe par ses reprises, raconte le claviériste. Par exemple, par la version Smash Mouth de Why Can't We Be Friends et par plusieurs échantillonnages hip-hop. «Il y a Wasn't Me de Shaggy qui emprunte à Smile Happy, illustre-t-il. Janet Jackson a utilisé Cisco Kid, et plein d'autres artistes comme De La Soul, TLC et Beastie Boys ont aussi repris notre musique. En fait, ils sont si nombreux qu'on a lancé dans les années 90 Rap Declares War, une compilation de nos pièces échantillonnées.»

War, lui, n'a rien lancé de nouveau depuis plus de 10 ans. Un DVD live devrait paraître d'ici à Noël, suivi d'un retour probable en studio. «Je veux écrire des pièces avec les nouveaux musiciens, s'emballe Lonnie Jordan. Il faut qu'ils soient immortalisés sur disque, qu'ils deviennent officiellement le nouveau visage de War.»

Les membres originaux, Lonnie Jordan ne leur parle plus. «Ils sont passés à autre chose, c'est tout, explique-t-il. Mais nous ne sommes pas en mauvais termes. Je les respecterai toujours.»

Le seul qu'il voit parfois, c'est Eric Burdon (aussi ex-leader des Animals). Après leurs retrouvailles d'avril dernier, Jordan espère reprendre la route avec lui. «Il ne reste plus qu'à trouver un promoteur, lance-t-il. C'est compliqué, ces trucs-là, mais je reste optimiste, plusieurs promoteurs ont aimé notre concert à Londres, je pense.»

De Hendrix à Marley

La discussion revient aux débuts de War, ce qui ne déplaît pas du tout à Lonnie Jordan. Car l'histoire du groupe regorge d'anecdotes insolites, à commencer par sa naissance. En 1968, Jordan et ses comparses accompagnaient un joueur de la NFL recyclé en chanteur, Deacon Jones. Ils jouaient quelques soirs par semaine dans sa boîte d'Hollywood lorsque Eric Burdon est entré prendre un verre. L'ex-chanteur des Animals cherchait un groupe de blues.

«On jouait Hangin' High. Nos métissages d'afro-latin, de cubain, de funk, de rock et de plusieurs autres genres l'ont séduit. Le reste appartient à l'histoire», lance-t-il.

Les sept musiciens d'origines diverses reflétaient le caractère multiethnique de Los Angeles. Une diversité dont ils s'inspiraient pour leurs métissages musicaux et leurs textes. Avec des chansons comme Livin' In The Ghetto, War combattait l'intolérance.

En 1969, Eric Burdon&War sillonnent l'Europe avec un autre artiste contestataire, Bob Marley. «Bob jouait souvent au soccer, mais il trouvait le temps de venir écouter nos jams. Un jour, il s'est vraiment emballé en entendant les cuivres de Slippin' Into Darkness. Peu après, je réentends presque le même son dans Get Up, Stand Up. C'était génial, vraiment très flatteur. Après tout, on emprunte tous aux autres.»

War a aussi l'honneur d'être le dernier groupe à avoir joué sur scène avec Jimi Hendrix, rappelle Lonnie Jordan. «C'était au Ronnie Scott's Club de Londres (le 17 septembre 1970). Jimi avait apporté une guitare et un petit ampli. On a joué une version de 45 minutes de Mother Earth de Memphis Slim». Et le lendemain matin, il retournait littéralement à la terre.»

War sera en concert à l'Olympia demain soir à 20h.