La chanteuse américaine de jazz mondialement célèbre Eartha Kitt, décédée jeudi dans un hôpital de New York à l'âge de 81 ans d'un cancer du colon, a fasciné les foules pendant plus d'un demi siècle avec sa voix voluptueuse et sa présence sensuelle sur scène et à l'écran.

Connue pour son franc parler, elle s'était imposée un long exil en Europe dans les années 60 et 70, à la suite de ses critiques virulentes contre la guerre au Vietnam.Eartha Kitt, qui a également fait une carrière d'actrice au cinéma, à la télévision et au théâtre, est l'une des rares artistes à avoir été nominées à la fois pour les Tony, les Grammy et les Emmy Awards, récompensant annuellement respectivement le théâtre, la musique et la télévision. Elle a même remporté deux Emmy Awards.

«C'était sans aucun doute une artiste de légende et même si je pense qu'elle a pu avoir de nombreux imitateurs, c'était elle l'original», a déclaré à l'AFP son ami, le journaliste Andrew Freedman.

Se décrivant elle-même comme «une minette sexy», Eartha Kitt avait joué le rôle de Catwoman dans la série américaine à succès «Batman» dans les années 60. Orson Welles, qui fut l'un des ses admirateurs, l'avait surnommée «la femme la plus excitante du monde».

Au cinéma, elle a notamment partagé la vedette avec Nat King Cole dans Saint Louis Blues (1958) et avec Sydney Poitier dans The Mark of the Hawk (1957).

«Je n'ai pas à jouer un rôle. Il me suffit d'être Eartha Kitt. Je veux être là où est Eartha Kitt jusqu'à ce que les dieux m'emmènent là où ils veulent» a-t-elle déclaré en avril dernier au Times de Londres.

Parmi ses grands succès, I Want to Be Evil et Santa Baby ont toujours les faveurs du public, notamment à Noël. Where is my Man, enregistré en 1984, a été l'un des tubes de la vague disco.

Métisse d'origine modeste, Eartha Kitt a grandi dans les champs de coton de la Caroline du Sud.

«Il est temps que les gens de couleur soient reconnus pour leur travail plutôt que pour leur couleur», avait-elle déclaré lors d'un forum en ligne organisé par le Washington Post.

Elle avait commencé sa carrière en tant que danseuse à Paris, avec la célèbre troupe de Katherine Dunham. Avant d'avoir 20 ans, elle avait déjà parcouru le monde en leur compagnie comme danseuse et chanteuse.

Capable de chanter dans 10 langues différentes, elle s'est produite dans plus de 100 pays et était connue pour avoir des fans qui n'avaient pas la moitié de son âge. C'est elle qui prêtait sa voix à la flamboyante Yzma du film de Walt Dysney The Emperor's New Groove (2000) et des séries télévisées tirées du film.

«Paris était l'un de ses grands amours», a déclaré M. Freedman, rappelant que l'un de ses premiers succès avait été la reprise de La Vie en Rose, la chanson de la française Edith Piaf.

«Depuis cette période des années 40 et 50, l'Europe a toujours tenu une place spéciale dans son coeur, en particulier Paris», a-t-il ajouté.

Elle avait été mise à l'index aux Etats-Unis à la fin des années 60 après avoir pris position publiquement contre la guerre au Vietnam lors d'un déjeuner à la Maison Blanche.

Elle avait travaillé de nombreuses années à l'étranger avant d'effectuer un retour triomphal sur les planches de Broadway en 1974.

En décembre 2006, elle était retournée à la Maison Blanche pour allumer le traditionnel arbre de Noël aux côtés du président George W. Bush et de son épouse Laura.

Mariée en 1960, elle a eu une fille avant de divorcer. Elle n'a pratiquement jamais cessé de travailler, se produisant encore en septembre 2007 à l'occasion de la réouverture du Café Carlyle de New York.