Le groupe Misteur Valaire, pourvoyeur de grooves électroniques instrumentaux, profite de son retour sur scène, au Club Soda ce soir, pour annoncer que son deuxième album, Friterday Night, va se retrouver sur les tablettes des disquaires traditionnels 18 mois après sa parution en format numérique... gratuitement offert aux fans.

«Ce n'est pas la première fois qu'on a des discussions avec des maisons de disques pour vendre Friterday Night, explique Luis, percussionniste. À chaque fois, on nous demandait de retirer l'album de l'internet. Nous ne pouvions pas accepter ça, puisque notre mot d'ordre a toujours été d'offrir gratuitement nos enregistrements sur le web.»

 

L'étiquette et distributeur Outside a toutefois accepté que Misteur Valaire laisse Friterday Night sur le web. L'album, qui a déjà été téléchargé à 30 000 reprises selon le groupe, demeure donc accessible au téléchargement gratuit sur son site web (misteurvalaire.com), même s'il entame une deuxième vie en CD. La question à un million de dollars qui confond l'industrie du disque depuis près de 10 ans se pose: pourquoi payer pour ce qu'on peut avoir gratuitement?

«D'abord, je crois que c'est le bon moment de faire de telles expériences. Dans quelle mesure, le téléchargement gratuit nuit-il à la vente de CD? Est-ce que la distribution à grande échelle d'un album sur le web ne favorise pas d'abord la reconnaissance d'un groupe, puis ses ventes d'albums?»

«Je pense qu'un grand nombre de gens qui téléchargent des albums sont toujours attachés au CD. Ce n'est pas forcément la même clientèle, ceux qui téléchargent et ceux qui achètent des disques. C'est important d'acheter des CD. Souvent, je vais d'abord télécharger puis me rendre dans un magasin de disques.»

Un nouveau disque

On verra bien si l'expérience sera concluante pour Misteur Valaire et Outside, mais il faut admettre que la gratuité a bien servi le groupe. «Au lancement de Friterday Night, il devait y avoir une dizaine de personnes, se rappelle le percussionniste. C'est fou tout ce qui peut arriver en un an et demi. On travaille sur le prochain disque, qu'on aimerait lancer d'ici la fin de l'année, et on sent déjà que le groupe est rendu à une autre étape. On s'est créé un bon bassin de fans en offrant l'album sur internet.»

La version CD de Friterday Night comprendra deux chansons inédites: une nouvelle «chanson de transition» entre deux morceaux et Astronef, chanson enregistrée avec Ariane Moffatt, déjà offerte sur le site web du groupe (elle devrait en être retirée sous peu).

«Astronef existait déjà, dit Luis. On avait envoyé la chanson à Ariane; elle nous est revenue peu après, la piste de voix enregistrée avec son petit micro d'ordinateur! Une semaine plus tard, on l'invitait en studio...»

Toutefois, pour découvrir sur disque du Misteur Valaire tout frais, il faudra attendre 2010. «On a déjà plein de nouvelles chansons, dit Luis. À chaque fois qu'on répète, on arrive avec de nouvelles idées pour que le spectacle évolue - il est constitué à moitié des chansons de Friterday Night, le reste est tout nouveau.»

La Patère rose

«On prend 2009 pour composer», dit-il, ajoutant que cette année est également consacrée aux projets parallèles. La Patère rose, tiens, qui compte deux membres de Misteur Valaire, le claviériste trompettiste Roboto et le batteur-programmeur Kilojules.

«Ça a toujours été clair que le jour où la Patère lancerait un disque, Misteur Valaire prendrait une petite pause. C'est normal; je suis aussi un fan et je les encourage à fond. Et puis, ça nous donne l'occasion de prendre un peu de recul et de se retrouver avec plus d'idées neuves.»

Misteur Valaire, ce soir, 21h, au Club Soda.