Pas un mot d'espagnol ni de français, une voix plus claire et une approche folk imprégnée de country, le prochain album de Lhasa, à paraître au mois d'avril, met l'accent sur ses racines américaines. C'est du moins la conclusion préliminaire à laquelle on vient après en avoir entendu quatre extraits mardi matin. «Je n'ai jamais écouté de country, assure la chanteuse, mais je pense que c'est dans mon ADN.»

Les nouvelles chansons de Lhasa ne sonnent pas comme celles des Dixie Chicks ou de Loretta Lynn, c'est entendu. On parle d'influence country parce que des quatre titres dévoilés lors d'une séance d'écoute tenue dans un studio d'enregistrement du quartier Villeray, deux en sont particulièrement imprégnées. Soit en raison des arrangements vocaux (Fool's Gold), soit à travers le jeu du guitariste Joe Grass à la pedal steel (Is Anything Wrong).



Love Came Here, avec cette basse qui claque et cette batterie rêche, évoque quant à elle Tom Waits. «On ne s'attendait pas à ça», admet Lhasa, précisant que c'est l'un des titres les plus spontanés de l'album à venir. Elle ne renie absolument pas l'influence de Tom Waits qui, selon elle, «fait partie de notre inconscient collectif».

Différent, donc, mais pas déroutant. Ce qui étonne davantage, c'est l'approche vocale privilégiée par la chanteuse. Lhasa chante d'une voix souvent plus claire et plus haute qu'auparavant, mettant ainsi de côté ce chant grave et mélodramatique qui nous a happé à l'époque de La Llorona.

Réflexions sur la voix

Ce changement s'explique par les problèmes de voix qu'elle a connus au cours de sa dernière tournée. «Tout ça a amené une réflexion sur la façon dont j'utilisais ma voix. Je me suis rendue compte que ma voix naturelle n'était pas aussi grave. Ça m'a fait rigoler...» La gravité, chez Lhasa, était un choix esthétique, dicté en partie par son admiration pour des chanteurs hispanophones «très dramatiques».

Sans dire que son prochain album sera léger et joyeux - «Qui écrit des chansons joyeuses?» se demande-t-elle -, il sera assurément moins mélodramatique. Et tout en anglais. Un autre virage naturel. Lhasa, qu'on présente souvent comme une chanteuse mexicaine, est née aux États-Unis. Sa langue maternelle n'est pas l'espagnol, mais l'anglais. «Ma vie mexicaine est de plus en plus loin dans le passé», constate-t-elle.