Pendant qu'une partie du ROC suivra la remise des prix Juno, demain soir, le Québec suivra celle des Jutra ou la suite de la compétition à Star Académie. Dire que le gala de la musique canadian suscite un intérêt limité ici relève de l'euphémisme. Tout le monde s'en fout. Vu d'ici, un Juno n'a pas le poids d'un Félix, même dans la catégorie francophone.

Or, la présence québécoise se révèle particulièrement imposante, cette année. La faute à nos artistes anglophones, surtout. Sam Roberts, The Lost Fingers, Plants&Animals, Nikki Yanofksy, The Stills et Simple Plan sont en lice plusieurs fois. Céline Dion est nommée trois fois. Nos ensembles, nos chanteurs et nos musiciens sont par ailleurs fort bien représentés dans les catégories classiques, alors qu'en jazz, on croise les noms de François Bourassa et Oliver Jones.

Il y a par ailleurs de fortes chances que le Juno du meilleur «nouveau» groupe tombe dans les mains de Montréalais puisque trois des cinq candidats vivent ici: Plants&Animals, Beast et... The Stills. On ne comprend pas en quoi The Stills (qui a trois albums et des tournées internationales à son actif) peut être considéré comme un «nouveau» groupe, mais bon. Plus inhabituel encore, les artistes d'ici dominent aussi dans la catégorie «album de l'année»: Simple Plan, The Lost Fingers et Sylvain Cossette se mesurant à Hedley et Nickelback.

À l'inverse, le Juno de l'album francophone pourrait aboutir... en Ontario. Swing, un groupe néo-trad à l'attitude un brin punk, est effectivement en lice avec son album Tradarnac contre Caracol (pour L'arbre aux parfums), Coeur de pirate (éponyme), Karkwa (Le volume du vent) et Ariane Moffatt (Tous les sens). Ne pouvant présumer de la sensibilité du jury des Juno qui a déjà primé Il était une fois dans l'Est d'Antoine Gratton, un disque largement ignoré au Québec - on ne va pas se hasarder à faire des prédictions. Suspense, suspense.

Avis aux groupes «émergents»

MusicAction a pris les devants, il y a deux ans, en mettant sur pied un programme d'aide à la production de titres numériques, c'est-à-dire de chansons dont la finalité n'était pas de figurer sur un CD. Poursuivant ses efforts en ce sens, l'organisme a annoncé cette semaine un nouveau volet de ce même programme qui cible précisément les groupes émergents.

Contrairement à la première mouture du programme, qui s'adressait aux compagnies de disques, ce «volet 2» permettra aux artistes indépendants de recevoir du financement pour la productions de quatre titres (c'est le nombre de chansons minimum). En contrepartie, l'artiste ou le groupe doit obligatoirement travailler avec un producteur reconnu, dans un studio professionnel et se concocter un dossier de presse électronique.

La première tombée pour ce nouveau programme de financement a été fixée au 20 avril prochain. Détails dans la section «programmes» du site de MusicAction.

Arvida Crew

Sa prestation remarquée à la première soirée de préliminaires des Francouvertes n'a malheureusement pas permis à Arvida Crew de se classer parmi les demi-finalistes. Ces clowns vulgaires qui manient le sarcasme de manière jubilatoire poursuivent néanmoins leur chemin tout seuls comme des grands. Sadick, McPhylis et Barbapapa seront d'ailleurs au Zoobizarre, jeudi, à 21h. Oreilles et coeurs sensibles, s'abstenir. Ceux qui aiment le rap quand il vire à la caricature vont se régaler.

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