EMI et Apple Corps ont annoncé en début de semaine que le catalogue complet des Beatles avait été «remasterisé numériquement». Du coup, certains ont conclu que le répertoire du groupe allait enfin être vendu sur iTunes et les autres disquaires du genre. Il n'en est rien. Les disques des Beatles feront l'objet de rééditions luxueuses (avec photos inédites, films, etc.), sans plus. Ils n'entrent pas encore dans le XXIe siècle.

Vu d'ici, ça ressemble à un dernier assaut contre le portefeuille des baby-boomers. Un dernier effort de marketing nostalgique dirigé vers cette génération qui a grandi avec ces chansons avant qu'elle n'aille rejoindre John et George dans l'au-delà.

 

Des fans plus jeunes se précipiteront aussi sur ces nouvelles versions, bien sûr. Sauf qu'en retardant la vente des albums des Beatles en fichiers numériques, Apple Corps et EMI ignorent superbement ces millions d'amateurs de musique qui font encore le choix d'acheter de la musique en ligne plutôt que de la télécharger gratuitement.

Détail en passant: au moment même où j'écris ces lignes, plus de 450 internautes téléchargement simultanément la discographie complète du groupe par l'intermédiaire d'un seul site d'échange. Qu'arrivera-t-il, selon vous, le 9 septembre prochain, une heure après l'ouverture des magasins? Ils seront encore plus nombreux à «magasiner» sur ce même site à la recherche des nouvelles versions.

Des héritiers ou des ayants droit liés au catalogue des Beatles semblent avoir une dent contre iTunes. Qui? Sir Paul? Non, ses disques y sont pourtant en vente. Tout comme les albums en solo de Ringo, George et John. La «méchante» Yoko ne peut pas porter le chapeau non plus puisque ses disques y sont également vendus.

Rendre un disque disponible sur iTunes n'empêche pas qu'il soit téléchargé, bien entendu. Mais pour une entreprise qui semble déterminée à faire fructifier son catalogue au maximum, ce qui est visiblement le cas d'Apple Corps, n'est-il pas logique d'offrir son matériel par l'intermédiaire du plus grand détaillant?

iTunes: fini le tarif unique

L'ère du prix unique, comme celle du verrou électronique, est bel et bien révolue chez iTunes. Depuis cette semaine, les producteurs peuvent fixer leur prix, entre 69¢ et 1,29$ le morceau.

Qu'est-ce que iTunes vend à 69¢? Pas grand-chose. En magasinant pendant environ une heure, je n'ai déniché qu'une poignée de chansons à ce prix. Toutes les pièces de la compilation High Times de Zachary Richard, mais seulement une chanson de Weezer, Soundgarden et 3 Doors Down. Trois titres de Diana Krall aussi.

Qu'est-ce qui se vend 1,29$? Des remix ou des versions alternatives de succès de Lady Gaga (dont Poker Face, version piano-voix). De multiples collaborations d'artistes hip-hop. Des tubes actuels (Mercy de Duffy) et passés: Smells Like Teen Spirit de Nirvana, Even Flow de Pearl Jam et plusieurs succès de U2.

No Line On the Horizon, le dernier de la bande à Bono, est l'un des rares disques avec ceux de Michael Bublé dont les chansons se vendent toutes 1,29$ pièce. De tous les artistes testés, Led Zeppelin est le seul à avoir eu le culot d'augmenter toutes ses chansons au tarif maximal.

Décevant? Un peu, oui. L'essentiel du catalogue reste à 99¢, alors que je me serais attendu à des variations plus importantes, histoire de stimuler les ventes. La mesure n'éloignera pas les gens des sites de partage de fichiers musicaux. Est-ce que de vendre No Line On the Horizon plus cher va en stimuler le téléchargement sur iTunes ou ailleurs? Poser la question...

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