Leloup m'a tellement fait suer depuis 12 ans que j'aurais vraiment aimé détester son Mille excuses Milady. Je ne parle pas du gars que j'ai rencontré en entrevue (il n'est pas facile à suivre, mais toujours divertissant dans ce contexte), mais de l'artiste de scène. La dernière fois que je l'ai vu donner un bon spectacle d'un bout à l'autre, c'était le soir de l'Halloween 1997. Que de bonnes vibrations. Après, il s'est mis à «jouer de la guitare»...

Je me rappelle sa tournée Les naufragés du Titanic devant l'Assemblée nationale. Entrée en matière grandiose, et puis un lent naufrage. Cinq ans plus tard, à la fin de 2003, je suis sorti du Métropolis avant la fin. Même si c'était sa tournée d'adieu. Leloup chantait Wish You Were Here et je n'étais pas d'humeur feu de camp.

La fois où il m'a le plus fait rager, c'est quand même en août dernier au Colisée de Québec. Oui, il a insulté tout le monde. Je sais, ce n'était pas la première fois. Jamais ne l'avais-je vu si cassant. Sans humour. Il a plombé l'atmosphère, coupé les ailes à tout le monde (ses choristes, son guitariste, beaucoup de ses fans) et, après, il a fallu beaucoup de bonne volonté pour apprécier les quelques bons moments de ce spectacle marathon.

J'aurais donc aimé le haïr, cet album. Je ne l'ai pas d'emblée trouvé génial. Il s'est dévoilé et a fini par s'imposer au fil des écoutes. Malgré moi, vraiment. «Les gens veulent être fâchés, mais ils l'aiment bien, le disque», m'a dit Leloup cette semaine. Il était content. Non, fier comme un paon. Il a beau claironner qu'il s'en fiche, il aime qu'on l'aime. Du moins, il aime qu'on aime ses chansons.

Pour être franc, après l'avoir vu sortir de ses pompes à Québec, je n'aurais jamais cru qu'il allait retomber sur ses pattes. Pas si vite, en tout cas. Avec l'aide de son collaborateur Anthony Ayotte, il a concocté un disque qui contient tous ses tics, mais aussi pas mal de bonnes idées: des phrases assassines, des vers touchants et des guitares franchement trippantes.

Leloup, ce n'est pas un loup, c'est un chat de gouttière à neuf vies. Et la vie est toujours un peu moins laide avec ses chansons dans les oreilles.

Francouvertes

L'ultime bataille des Francouvertes se livre lundi soir, au Club Soda. Plus que trois groupes peuvent encore aspirer aux grands honneurs: Ariel, Mad'moiZèle Giraf et Francis D'Octobre. Voir les deux premiers en finale ne surprend guère. Mélodies accrocheuses, énergie, attitude, ils s'affrontent avec les mêmes armes. Francis D'Octobre est un cas à part. Un chansonnier électrique, doté d'un goût pour les arrangements étranges. Ça peut jouer en sa faveur, mais aussi le pousser vers la sortie.

Ce n'est pas faire preuve d'un grand flair que de prédire que la partie va sûrement se jouer entre Ariel et Mad'moiZèle Giraf. S'avancer plus loin devient hasardeux. L'éclat d'Ariel, une petite bombe scénique, lui permettra-t-il d'avoir le dessus sur les chansons plus convenues mais franchement bien ficelées de Mad'moiZèle Giraf?

Allons, un peu de courage, je lance les dés et... avantage aux Giraf.

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