Il y a 40 ans, John Lennon et Yoko Ono signaient une page d'histoire en commençant un bed-in qui durera huit jours dans la suite 1742 de l'hôtel Reine-Élizabeth, à Montréal.

Le duo, en pyjama, était demeuré dans la célèbre suite du 26 mai au 2 juin 1969, avec comme objectif de passer un message de paix alors que le nombre de pacifistes augmentait sans cesse, au moment de la Guerre du Vietnam.

Les appuis au couple ont été nombreux et on a profité de l'événement pour enregistrer un disque.

Pendant ces huit jours, des admirateurs de Lennon et Ono ont pu déjouer les gardiens de sécurité de l'hôtel pour accéder à la chambre et appuyer les démarches pour la paix du célèbre couple.

Des représentants des médias ont pu obtenir des entrevues avec le membre des Beatles, dont Gilles Gougeon, de Radio-Canada, qui à l'époque était des débuts de Radio-Québec, pas encore officiellement en ondes.

M. Gougeon avait pu obtenir une entrevue de 45 minutes avec Lennon parce que la société d'État avait une mission éducative. Mais, comme il se plaît à le raconter, il avait dû enlever ses chaussures pour prendre place dans le lit pour faire l'entrevue, avec son preneur de son à genoux et son réalisateur un peu plus loin.

«Ce poète, musicien, m'a parlé des influences qui l'ont marqué. On est de la même génération, le rock et le classique avaient pris beaucoup d'importance», a mentionné celui qui compte 50 ans de métier en journalisme.

«Lennon m'avait dit à quel point il avait été bouleversé par la musique de Bach ou Mahler, de même que par les Chuck Berry ou Bill Haley and his Comets.

«Il parlait des émotions que la musique avait provoquées chez lui. Il voulait s'affirmer, mais à travers la musique, et surtout en y mettant des paroles. Il tenait à la fusion des deux en reconnaissant qu'il n'était pas un grand chanteur. Par ailleurs, pendant l'entrevue, Yoko Ono semblait s'ennuyer, elle soupirait et Lennon lui avait demandé d'arrêter», a confié le journaliste.

Gilles Gougeon a déploré que l'on ait perdu toute trace de cet enregistrement. Mais l'événement aura été un gros coup dans sa carrière. «On ne se rendait pas compte que l'on vivait des moments historiques», a-t-il dit.

C'est aussi dans cette chambre que Lennon a enregistré son célèbre hymne à la paix Give Peace a Chance auquel ont participé de nombreux Québécois.

André Perry, un spécialiste des enregistrements, avait amené son équipement pour enregistrer cette pièce historique. Mais après discussion avec John Lennon, il avait dû corriger des imperfections et ajouter des voix - québécoises - pour faire une version «propre».

Claude Saucier, animateur en après-midi à Espace Musique, à la radio de Radio-Canada, se souvient aussi de cet événement.

«J'avais 20 ans et je commençais comme disc-jockey dans une station de radio en région», a indiqué l'animateur.

«Je me souviens quand on avait reçu le 45 tours Give Peace a Chance à la station, a poursuivi M. Saucier. Mais ça nous faisait sourire de voir Lennon avec Ono qui faisaient des bed-in.

«Dans la même année il y avait eu Get Back et d'autres succès des Beatles. Mais on sentait aussi la fin du groupe», a ajouté l'animateur qui fera une journée spéciale sur le bed-in mardi, depuis le Musée des beaux-arts de Montréal où se poursuit l'exposition Imagine - La ballade pour la paix de John et Yoko.

Le «bed-in» de Montréal était le deuxième du couple. À l'origine, il devait plutôt se tenir aux États-Unis, mais Lennon a été interdit de séjour par les autorités américaines.

Il y a cinq ans, le Reine-Elizabeth avait tenu une exposition de photos inédites portant sur l'événement. L'hôtel reçoit toujours des couples intéressés à dormir dans la chambre qui est devenue aussi un lieu historique.

Par ailleurs, une femme d'origine montréalaise a empoché 840 000 $ CAN après la vente aux enchères des paroles écrites à la main par John Lennon de la chanson Give Peace a Chance. La femme qui vit maintenant à Londres avait mis la main sur ces paroles lors du bed-in.

Lennon avait gribouillé les paroles sur un carton à l'aide d'un crayon feutre noir, avant d'enregistrer la chanson avec ses adeptes.