Jusqu'à l'annonce de son retour sur scène à Londres, Michael Jackson était demeuré silencieux, sur le strict aspect créatif, durant presque toutes les années 2000. Son dixième et dernier album studio, Invincible, plutôt mal reçu par la critique, remonte à 2001. Pourtant, il suffit d'écouter la pop d'aujourd'hui pour réaliser l'ascendance de Michael Jackson sur ses contemporains. Rappel du parcours musical de celui que l'histoire rangera aux côtés des plus grands musiciens de la pop américaine et mondiale, à l'instar d'un James Brown que le Roi de la pop tenait d'ailleurs pour modèle.

Enfant de la balle, il devient, à l'âge de six ans, la vedette du groupe r&b qu'il forme avec ses frères (tous plus âgés que lui), The Jackson 5, et que le producteur Berry Gord, fondateur de Motown, met sous contrat en 1968. La première chanson du groupe enregistrée pour Motown, I Wan't You Back (1970), atteindra les sommets des palmarès deux mois après sa sortie.

Dès l'année suivante, Michael Jackson entame une carrière solo. Il enregistre quatre albums formateurs (des compilations de singles, surtout) grâce auxquels il évoluera vers un son plus soul, jusqu'à ce qu'il rencontre l'arrangeur et réalisateur Quincy Jones, qui «libèrera» son génie créateur.

En août 1979, le public découvre le nouveau Michael Jackson lorsque paraît Off The Wall (sur étiquette Epic), réalisé par Jones. L'impact est retentissant: l'alliage de pop, de soul, de disco (Don't Stop'Til You Get Enough) et de ballades déchirantes (She's Out of My Life) dévoile un artiste transformé, maintenant âgé de 20 ans. «Avant ça, c'était un gars qui avait beaucoup de talent, on le savait, commente l'animateur Mike Gauthier, de Musique Plus/MusiMax. Quincy Jones a su tirer le meilleur de Michael Jackson pour en faire l'artiste qu'il est devenu.»

Et le meilleur était encore à venir: en novembre 1982 paraît l'album Thriller et consacre l'artiste en tant que phénomène pop mondial. Pas moins de 109 millions d'exemplaires du disque se sont écoulés, ce qui en fait le meilleur vendeur de l'histoire de l'industrie du disque.

La révolution sera bel et bien télévisée: le succès des chansons Billie Jean et Beat It (et de leurs vidéoclips) forcent la chaîne MTV à ouvrir sa programmation à des artistes Noirs, ce qu'elle refusait selon ses détracteurs. Ainsi, un peu comme son modèle James Brown, Jackson deviendra sans le vouloir une voix pour la reconnaissance des droits des Noirs aux États-Unis - du même album, la chanson The Girl Is Mine abordait la délicate question des relations interraciales.

De plus, en mars 1983, lors du spectacle télévisé pour le 25e anniversaire de Motown, Jackson, interprétant Billie Jean, effectue pour la première fois son pas de danse baptisé «Moonwalk». Quarante-sept millions de téléspectateurs découvrent un danseur charismatique et garderont l'impression d'avoir assisté à un événement historique. Le chanteur donnera également ses lettres de noblesse au vidéoclip grâce à Thriller, transformant un simple véhicule promotionnel en une forme d'art légitime.

Cinq ans plus tard, en 1987, paraît Bad, le dernier album majeur de Jackson, qui génère cinq no.1, dont The Way You Make Me Feel, Bad et Dirty Diana. Au cours de sa carrière, 29 de ses chansons atteindront le Top 10 des palmarès américains, 19 prix Grammy et 22 American Music Awards lui ont été décernés, et on ne compte plus le nombre d'autres prix et distinctions qui lui ont été remises.

Son oeuvre a été reprise, copiée, imitée, échantillonnée - récemment, c'est Rihanna qui, sur son succès Don't Stop the Music, samplait Wanna Be Startin' Something, elle-même une citation d'une composition de Manu Dibango. Aujourd'hui, il suffit d'ouvrir la radio pour reconnaître l'influence de Michael Jackson, assure Mike Gauthier.

«On n'a qu'à penser à Justin Timberlake, Ne-Yo, Chris Brown, ils font tous comme Michael Jackson: ils chantent avec une voix falsetto, ils dansent bien, se montrent comme des artistes complets», des entertainers qui donnent l'impression d'avoir tous les talents. Sans toutefois avoir le véritable génie de mélodiste, de chorégraphe et d'interprète de l'original King of Pop.