Tandis qu'une pluie torrentielle s'abattait à l'extérieur, la chanson Bad résonnait à fond la caisse dans le sous-sol du magasin HMV, coin Peel et Sainte-Catherine, jeudi soir. Dans le rayon «Rock/Pop», les disques de Michael Jackson se faisaient rares. Et les amateurs du légendaire chanteur, nombreux.

«J'ai deux clients qui ont acheté pour 100$ de disques de Michael, a lancé une employée du magasin à l'arrivée de La Presse. On a vendu tous nos exemplaires de Thriller

Les inconditionnels de Michael Jackson ont pris les disquaires d'assaut par dizaines, jeudi, après avoir appris que leur idole a été terrassée par un arrêt cardiaque. Certains connaissaient le chanteur depuis peu, d'autres depuis si longtemps qu'ils n'avaient que des cassettes et des vinyles de l'artiste.

Croisée dans la section «J», Shantel Brown s'était ruée au magasin pour acheter autant de disques compacts du défunt Roi de la Pop que possible. L'idée lui est venue dès qu'elle a eu vent de sa mort : elle a réalisé qu'elle ne pouvait l'écouter que sur son vieux tourne-disque.

«J'ai grandi en écoutant Michael Jackson, mais maintenant c'est la fin, a confié Mme Brown. Il n'y aura pas de nouvel album, pas de tournée, pas de spectacle d'adieu. »

Malheureusement pour elle, d'autres amateurs l'avaient pris de vitesse. Thriller n'était plus sur les rayons depuis longtemps, pas plus que Off the Wall, l'autre grand succès de la jeune carrière solo de Jackson.

En fait, il ne restait qu'une dizaine de copies de The Essential Michael, une compilation de deux disques qui rassemble les principaux succès de sa carrière, ainsi que de Dangerous. Mince consolation pour Shantel Brown : elle a pu mettre la main sur le dernier exemplaire de Bad.

Le gérant de la boutique Mango, à quelques mètres du HMV, avait envoyé une employée pour acheter des disques de la star.

«Ça lui a fait beaucoup de peine, a affirmé Nadine. Quand il était petit, il chantait Michael Jackson avec ses parents. Il ne comprenait pas les paroles parce qu'il ne parlait pas anglais, mais il connaissait toutes les chansons par coeur.»

Pierre-Olivier Blaquière, lui, ressemble plutôt à un mélomane qu'on croiserait dans un concert rock, avec sa longue barbiche rousse et ses cheveux noués en queue de cheval. Mais ce disquaire voue une admiration sans borne au chanteur depuis qu'il a acheté l'album HIStory, en 1995. Il a depuis écouté tous ses albums, y compris ceux des Jackson Five.

Le jeune homme avoue être ébranlé par la nouvelle du décès. Il admirait de Michael Jackson son flair pour la pop, son talent de compositeur et, bien entendu, le sens du spectacle qui en a fait une légende.

«Pour moi, c'est un pilier qui vient de mourir, a-t-il confié. C'est le plus grand artiste musical depuis Elvis ou John Lennon.»