Avant de filer voir Dave Brubeck, j'ai pu assister au premier set des Lost Fingers au Métropolis, samedi. Juste le temps de constater que leur lune de miel se poursuit avec un public consentant.

Les trois gars de Québec jouent à fond la carte kitsch. Ils s'amènent sur scène dans leurs beaux costumes roses qu'ils ont sans doute achetés des Excentriques, et nous balancent Tainted Love de Soft Cell qui, contrairement à l'essentiel de leur répertoire anglais ou français, n'avait rien d'une toune kétaine au début des années 80.

On connaît la recette du succès des Lost Fingers: le contre-emploi. Quand ils se lancent dans La dame en bleue, on entend autant de rires que de oh! dans la salle. Mais le reste du temps, si les spectateurs sont de bonne humeur et chantent volontiers ces succès dénaturés sans honte aucune, ils le font presque avec sérieux.

Si le truc des Lost Fingers est une grosse blague, malgré leur compétence musicale évidente, il faut croire que leur public ne demande pas mieux que de la réentendre encore et encore. Il y aurait là-dedans une forme de thérapie collective par le sourire que ça ne nous étonnerait pas.

Tout cela est un peu surréaliste. Leurs chansons n'ont aucun rapport avec la musique manouche dont ils les enrobent, deux des trois Lost Fingers passent la  soirée assis sur une chaise comme des guitaristes sérieux, leur guitariste-maître de cérémonie patauge dans les clichés avec un bonheur évident et le chanteur a une voix nasillarde et à peu près zéro charisme. Imaginez comment il a l'air drabe quand Nanette, une de leurs invités surprises hier soir, vient blower à ses côtés pendant Lady Marmelade!

Pourtant, ça marche. Quant leur copain britannique Robin Nolan s'amène avec sa guitare électrique et qu'ils nous servent Touch Me de Samantha Fox, le public leur réserve la plus forte claque de la jeune soirée.

De toute évidence, le gag fait encore de l'effet.