Lila Downs était attendue vendredi soir au Club Soda. Certains parmi ce public de tous les âges, dont plusieurs fans hispanophones, l'avaient peut-être déjà vue au Festival de jazz ou à Divers/Cité, mais tous connaissaient la réputation de bête de scène de cette artiste née d'un père américain et d'une mère mexicaine.

Elle ne les a surtout pas déçus.

Lila Downs est arrivée sur scène où jouaient déjà ses sept musiciens en dansant un mélange de baladi et de limbo. Elle s'est aussitôt approprié la chanson Black Magic Woman de Peter Green, ne laissant aucun doute sur l'identité de la magicienne en question. Puis elle a enchaîné avec la plus traditionnelle Agua de rosas avant d'emprunter à Lucinda Williams sa fort belle chanson I Envy the Wind, traduite en espagnol.

C'était parti. Tous les yeux étaient rivés sur cette étourdissante danseuse à la voix capable de tout, tantôt grave, tantôt suraiguë comme une Yma Sumac du 21e siècle, mais toujours riche et expressive. Une voix qu'elle met au service de chansons tantôt folkloriques (Los Pollos), tantôt sociales comme Minimum Wage qui traite du sort des immigrants illégaux mexicains aux États-Unis.

Tout au long du spectacle, elle présente ses chansons en français, en anglais ou en espagnol et celles-ci sont illustrées par des projections parfois amusantes, souvent belles sur un écran circulaire derrière la scène. Le public initié chante avec elle Paloma Negra et manifeste son approbation dès les premières mesures La Sandunga et La LLorona, qu'elle interprètera en toute fin de spectacle. Il applaudit aussi le coup de chapeau de Lila Downs à la grande chanteuse argentine Mercedes Sosa avec qui elle a enregistré Tierra de Luz.

Les musiques jouées hier m'ont semblé moins éclectiques que ce que j'avais entendu sur disque. N'empêche, la musique traditionnelle du pays de sa mère faisait bon ménage avec un peu de rap et de hip hop dans la chanson Justicia, et c'est sur une musique proche du klezmer que ses musiciens ont pris chacun un solo juste avant le rappel.

En première partie, la Nigériane Asa a rapidement gagné à sa cause les fans de Lila Downs qu'elle a fait chanter à sa guise avant de leur faire un numéro de danse endiablé pendant une chanson dédiée à sa mère. C'est à ce moment qu'elle s'est permis un semblant de moonwalk pendant que ses musiciens jouaient le thème de Billie Jean de Michael Jackson. «Si vous ne connaissez pas le moonwalk, n'essayez pas ça à la maison», nous a-t-elle dit avant de tirer sa révérence. Sage conseil.