Le Festival de jazz de Montréal (FIJM) a réservé samedi un accueil digne des plus grandes divas à Nikki Yanofsky, une jeune Montréalaise de 15 ans virtuose du chant jazz lors d'un grand concert gratuit en plein-air.

Malgré une pluie battante, des milliers de personnes se sont déplacées pour voir la jeune prodige du scat. En plus de pièces à saveur très jazz, dont une version beebop de la célèbre chanson enfantine «La ferme à Mathurin», Nikki Yanofsky a chanté quelques pièces de son cru, beaucoup plus pop. Soutenue par un orchestre de 12 musiciens, la jeune fille connue pour ses interprétations d'Ella Fitzgerald, s'est aussi aventurée dans des reprises de Bob Marley et de Jimi Hendrix.

«Je chante depuis que j'ai appris à parler», dit-elle, dans un entretien avec l'AFP.

La chanteuse a entamé sa carrière professionnelle à 11 ans. Quatre ans plus tard, sa feuille de route est chargée. Elle a entre autres chanté avec le Count Basie Orchestra, Herbie Hancock et Wyclef Jean.

En 2007, Nikki Yanofsky a enregistré «Airmail Special», une des pièces les plus difficiles du répertoire d'Ella Fitzgerald sur l'album hommage «We All Love Ella: Celebrating the First Lady of Song». Elle devenait ainsi la plus jeune artiste à collaborer à un album du prestigieux label Verve.

Pour son 13e anniversaire, elle a chanté au Carnegie Hall à New York, une salle de concert mythique où les plus grands sont passés.

Malgré le succès, l'adolescente aux cheveux noirs et au grand sourire garde les pieds sur terre. «Mon rêve est de continuer à faire ce que je fais, affirme-t-elle. Je ne fais pas ça pour l'argent ou la célébrité. J'aime chanter, c'est tout».

C'est au FIJM que le public a découvert le talent de Nikki Yanofsky, en 2006. Depuis, elle n'a pas raté une édition de l'événement. «Malgré son jeune âge, elle avait une maturité dans la voix, se remémore le vice-président et directeur artistique du FIJM, André Ménard. Elle canalisait l'esprit d'Ella Fitzgerald. Ce corps de petite fille, ce visage d'enfant avec une voix extraordinaire. Les étoiles semblent s'aligner pour elle».

Nikki Yanofsky voue d'ailleurs une grande admiration à Ella Fitzgerald, qui l'a initiée au jazz. «C'est la plus grande, dit la jeune anglophone. Au départ, j'aimais sa voix. Ensuite, j'ai fouillé un peu plus et j'ai découvert la musique. Ça c'est le jazz».

Lorsqu'on évoque le destin tragique de Michael Jackson, la chanteuse juge son histoire différente. «Il n'a pas eu une belle enfance, croit-elle. Dans cette industrie, on n'a pas le droit d'être fragile. Moi, mes parents me soutiennent, sans trop pousser. Je ne sens pas que j'ai perdu mon enfance».

Mais Nikki Yanofsky en a assez d'être remarquée pour son jeune âge, et non pour son talent. «Les gens m'appellent toujours +la chanteuse de 15 ans+. Je pense que j'ai maintenant prouvé que je suis comme toutes les autres, mais que j'ai commencé très tôt. Quand j'aurai 25 ans, je vais être connue mondialement», dit-elle.

La sortie de son premier album de pièces originales est prévue en 2010. Phil Ramone, récipiendaire de 14 prix Grammys, assure la production.

À la fin du mois de juillet, elle s'envolera pour le Japon pour une série de concerts. «C'est une autre partie de l'univers, dit la jeune artiste. Je suis vraiment impatiente parce que ma meilleure amie vient avec moi!».

Le Festival de Jazz de Montréal qui a présenté plus de 600 concerts s'achevait dimanche soir.