La deuxième partie du spectacle venait à peine de commencer lorsque j'ai dû quitter le Théâtre Maisonneuve. Debout, derrière son micro, guitare en bandoulière, Daniel Bélanger jasait. Il racontait dans le menu sa première rencontre avec Claude Dubois, alors que l'un travaillait dans une station-service et que l'autre était déjà une star. Je vous laisse deviner qui était qui.

L'anecdote - qui incluait un commis ébahi, une tempête de neige et une vedette trop peu habillée pour une telle météo - était une introduction comique à Dans un spoutnik, une chanson que Daniel Bélanger dit avoir été inspirée par Claude Dubois. Il l'a ensuite entonnée, grattant sa guitare acoustique et faisant gracieusement voler sa voix exceptionnelle.

Daniel Bélanger, qui donnait hier le premier de deux spectacles aux FrancoFolies, a beaucoup jasé durant ce spectacle où il se produisait en solo. Avant chaque chanson, ou presque, il prenait le temps d'en raconter l'élément déclencheur. On a appris que Te quitter, qu'on a tous pris pour une chanson d'amour, parle en fait de sa relation avec la musique. Ou que Les temps fous lui a été inspirée par la réalisatrice Lyne Charlebois (Borderline), à qui il doit de plus le titre de son premier album, Les insomniaques s'amusent.

Courtes ou longues, ces historiettes donnaient l'impression de mettre le pied dans l'atelier de cet artiste assez secret. Le ton n'était pas à la confidence, cependant, Daniel Bélanger n'est pas du genre livre ouvert. Ses interventions vaguement scénarisées étaient colorées d'une touche de cabotinage et de traits d'esprit, deux caractéristiques de son humour bien particulier.

Quand il a été annoncé que Daniel Bélanger se produirait en solo aux Francos, on a tout de suite pensé guitare. On avait tort. Il en joue, évidemment, de l'électrique et surtout de l'acoustique. Il en joue même très bien, mettant pleinement en valeur les magnifiques mélodies qu'il sait en tirer. Sauf que l'instrument dont il a le plus joué, toute la soirée durant, c'est sa voix.

Son chant, on le sait, est une vibration formidable: claire, flexible, toujours impeccablement juste. C'est donc en jouant de ses cordes vocales qu'il a compensé l'absence de musiciens autour de lui. Et c'était franchement beau à entendre, qu'il reprenne Télévision, Tu tombes, Le parapluie ou Dis tout sans rien dire.

Du cabotinage...

Le seul reproche qu'on a envie de lui faire, c'est son cabotinage pendant certaines chansons. Des simagrées inutiles ont notamment un peu gâché La collision, l'une des très belles chansons de L'échec du matériel. Un ami resté sur place alors que j'écrivais ces lignes m'a toutefois assuré qu'il n'a pas refait le coup en deuxième partie, au cours de laquelle il a notamment livré une version qualifiée de «solide» de Sortez-moi de moi.

Ce solo constitue un appétissant hors-d'oeuvre pour le deuxième spectacle de Daniel Bélanger, ce soir, au Métropolis, où il sera accompagné de trois musiciens. Je retourne le voir. Et cette fois, je ne partirai pas avant la fin.