Il se fait appeler Ludo Pin, mais on a du mal à croire qu'un tel nom apparaisse sur son certificat de naissance. Même s'il est né à Sarcelles, une banlieue parisienne multiethnique. Sur son premier album, produit par Audiogram, le sympathique garçon propose d'habiles bricolages chansonniers au croisement du folk, du hip-hop et de la chanson d'appartement.

Ce n'est pas une longue tradition familiale qui a fait de Ludo Pin un musicien. Sa famille était plus littéraire que musicale et il trouvait l'herbe plus verte chez le voisin. «Ils avaient un petit garage où ils faisaient de la musique. Ça me fascinait», se rappelle le jeune homme de 29 ans.

Très vite, il s'est joint à eux: il s'est mis à la guitare, a découvert Hendrix et, tout naturellement, a eu envie de devenir guitar hero... Il a fait du rock, mais une fois happé par le hip-hop, il a cherché une manière de marier les deux. Puis, tous ses amis sont partis de Sarcelles. «Je me suis retrouvé sans groupe, mais avec l'idée de faire de la musique tout seul.»

Q : L'idée du projet solo s'est donc imposée par défaut?

R : Non, pas par défaut, parce que c'est une chose que j'avais commencé à faire au moment où j'avais encore des groupes. Lorsqu'on est auteur-compositeur dans un groupe, ce n'est pas facile. Il y a donc un moment où j'ai vraiment eu envie de me retrouver seul. J'écoutais du hip-hop, mais il y avait aussi Beck qui m'intriguait beaucoup. J'avais envie de mélanger sampling et folk, ce que je ne faisais pas avec mes autres groupes.

Q : Ton album sonne comme s'il avait été conçu à la maison pour être écouté à la maison. Il a un côté «chanson d'appartement»...

R : Je le crois aussi. J'ai un petit appartement qui fait 25m2. Tout à été fait là et j'ai fini par en apprécier l'acoustique. C'est vrai que j'ai passé beaucoup de temps dans mon appartement et j'ai beaucoup écouté les morceaux dans cet environnement-là.

Q : Ce disque contient plein de surprises sonores, comme ce piano à pouces dans Ma quête m'a quitté.

R : J'ai fait des études d'ethnomusicologie. Après le hip-hop, je suis un peu remonté à la source: jazz, blues, Mali... Du coup j'ai un peu voyagé et je me suis mis à collectionner différents instruments «ethniques», dont cette kalimba. En plus, l'instrument est vraiment le point de départ de la chanson. J'avais commencé avec ce gimmick et je me suis dit que j'allais mettre une rythmique breakbeat sur la kalimba, pour voir ce que ça pouvait donner... Sur le disque, il y a toujours de ces petites surprises, même si c'est très discret.

Q : Comment fais-tu pour reproduire cet univers, seul sur scène?

R : J'ai plusieurs séquenceurs sur scène relié à un échantillonneur. J'essaie de reconstruire les morceaux comme je le ai conçus chez moi. J'ajoute des éléments, puis j'en enlève. J'ai des trucs aux pieds, parce que je joue de la guitare en même temps. (...) J'essaie aussi d'enregistrer les gens, d'avoir une interaction avec le public.

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Ce soir, 17 h, Espace vert Desjardins et demain, 21 h, au Métropolis, avant Karkwa et Marie-Pierre Arthur.