Officiellement, il n'y avait qu'un spectacle de clôture, hier soir, sur le site extérieur des 21es Francos mais, dans les faits, deux groupes de spectateurs très différents étaient invités sur les lieux à la belle étoile.

À 18 h, le Rap Party, dans le stationnement Clark, a réuni quelques-uns des artistes phares de la mouvance hip hop québécoise. En premier, Samian, qui a été tout simplement souverain. Phrasé limpide, véritable poésie, mélodies mêlées de rythmiques amérindiennes... Samian est un survivant qui défend son peuple. Il a rappelé que sa chanson Les Nomades a été classée, sur les ondes radio, «chanson en langue étrangère» alors qu'elle est en français, en algonquin et en innu. Les langues des Premières Nations, étrangères sur leurs propres terres...

Ensuite, les vétérans de L'Assemblée ont rappelé aux nombreux spectateurs qu'ils ont du métier. Ils ont aussi bien repris Du coin de l'oeil, un de leurs premiers succès, qu'interprété les récents Enlève ton masque et On est back.

Le quatuor acadien Radio-Radio a, lui, marqué de sérieux points avec un spectacle très solide. Oubliez l'accent, les Maritimes, le chiac: les gars livrent, point à la ligne. Textes solides, mélodies fortes, trio de cuivres efficace, humour, présence, bref, ils ont beaucoup plu.

Poirier et Séba les ont suivis: le DJ vedette des nuits montréalaises et le rappeur au look Cheech and Chong ne s'étaient pas réunis depuis environ cinq ans, et ils ont martelé des textes engagés et crus, sur des rythmes imparables.

Parce qu'il fallait que j'aille voir l'«autre» spectacle, je n'ai pu assister qu'à une infime partie de la prestation de Loco Locass et ça me chagrine, car les trois rappeurs présentaient quatre chansons inédites.

Joe le rassembleur

Est-il besoin de préciser que le public et l'atmosphère étaient diamétralement différents sur la place des Festivals, où était présenté Joe Dassin, la grande fête musicale? Près de trois ans après sa création à Québec et son passage à Montréal, la revue musicale est toujours aussi sympathique et bon enfant. Mais bon, personne n'a déchiré sa chemise, d'autant qu'une partie de la distribution originale a disparu et qu'un des «nouveaux» (je ne veux pas savoir lequel...) se prend pour Michel Louvain. Une chance que Julie Massicotte et Martin Giroux sont encore de la partie: ils sont toujours aussi respectueusement au service du répertoire de Dassin.

Pour cette représentation en extérieur, le spectacle était dépouillé de plusieurs de ses éléments scénographiques, notamment les trois grands écrans sur la scène. Les projections sur les murs étaient pas mal moins efficaces et je ne suis pas sûre que les quelque 30 000 personnes ont pu apprécier les chorégraphies des danseurs. Tout le monde s'est repris en fredonnant ces airs qui font presque partie de notre ADN.

En définitive, une grosse soirée qui aurait dû avoir lieu dans l'ordre inverse: le spectacle ultra-familial sur Dassin en premier, puis le Rap Party, qui a réuni un public qui aime fêter. Reste que le contraste entre les deux spectacles soulignait l'extrême - et indispensable - spectre musical des Francos et que les spectateurs de tous âges y ont trouvé leur compte.