On connaît la chanson: les ruptures amoureuses sont une intarissable source d'inspiration. De la part de Luc De Larochellière, cependant, c'est presque nouveau; l'auteur, compositeur et interprète qui, dans ses chansons, a passé plus de deux décennies à poser un regard juste et sensible sur le monde qui nous entoure présente aujourd'hui Un toi dans ma tête, le disque le plus centré sur lui-même qu'il nous ait offert.

«En fait, ce n'est pas un album sur une peine d'amour, nuance De Larochellière. C'est un disque sur plusieurs peines d'amour.»

Il y a une première pour tout, et Luc De Larochellière a tout l'air de vouloir que ce soit aussi la dernière. «Moi, je ne voulais justement pas écrire là-dessus, dit-il. J'ai attendu longtemps avant de le faire, avant de me mettre à écrire des chansons qui parlent de moi, surtout. C'est sorti comme ça, tout d'un coup.»

Un toi dans ma tête n'est pas un album ordinaire, le compositeur et musicien étant d'abord reconnu pour son regard lucide et ses rimes incisives. Écrire sur les autres d'abord, sur le monde qui nous entoure, et sur soi ensuite, par la bande. Mais consacrer tout un disque à se regarder le nombril?

Il y a une première pour tout, disions-nous. De Larochellière n'en était évidemment pas à sa première rupture amoureuse. «Ce disque, c'est un ramassis des quelque cinq dernières années, disons. Ramassées comme ça en chansons qui, par souci des mots et des arrangements, donnent l'impression de former un seul univers, une seule histoire racontée», alors que chacune de ces 10 nouvelles chansons a ses racines propres. Ses propres grandes déceptions amoureuses.

Les mots avant la musique

Pour dire à quel point il fallait que ça sorte, pour la première fois, les mots de cet album sont arrivés à Luc De Larochellière avant les musiques. Ça s'entend, ils occupent une place de premier plan, sa voix y paraît aussi plus incarnée, et grave. Du De Larochellière tout craché, pourrait-on penser. «J'ai plutôt été perçu comme un gars à textes, alors que mes musiques me sont toujours venues en premier», dit-il.

Elles forment un album d'une grande tendresse sur lequel l'auteur semble souvent s'adresser à une ancienne flamme. Ce n'est pas un disque de colère, mais un disque de résilience. «C'est où j'en suis rendu, dans ma vie. J'avais tout ça à dire. Il n'y a pas de chansons qui ont été écrites à chaud après une rupture; je pense qu'il y a une notion de courage, d'espoir, malgré tous ces aspects sombres. Et à travers ça, j'ai fait la paix avec beaucoup de choses.»

Aussi, Un toi dans ma tête est sans doute le plus concis des disques de De Larochellière, ne serait-ce que par la réalisation qui lie ces 10 touchantes compositions. Le ton nous rappelle le Ferland d'Écoute pas ça, la voix posée et chaude, les guitares folk qui dirigent l'album. Et ces arrangements composés par les complices Marc Pérusse et Anthony Rosankovic, savants, jamais larmoyants, un exploit compte tenu du thème qui porte le disque.

«Les chansons ont d'abord été enregistrées guitare-voix, c'est ensuite que Marc et Anthony ont mis les cordes. Je ne voulais pas quelque chose de trop orchestral», dit Luc De Larochellière, qui ajoute s'être plongé dans l'oeuvre de Nick Drake avant d'entrer en studio. «Dans certaines de ces chansons, on retrouve ce folk mélancolique avec des cordes, mais des cordes assez sobres, classiques. Et le jeu de piano tout à fait moderne de François Lafontaine [de Karkwa] donne une autre couleur aux chansons.»

Sur scène

En magasin le 25 août, Un toi dans ma tête vivra aussi sur scène, un peu comme il a été conçu, d'ailleurs: «Franchement, en commençant à travailler sur ça, je ne pensais pas en faire un disque de chansons de peines d'amour. J'ai composé une trentaine de nouvelles chansons, et je les ai jouées devant public le printemps dernier en demandant leur avis aux spectateurs. J'ai réalisé que les gens étaient touchés par ces chansons d'amour.»