Très importants, les crochets qui font désormais partie du nom du groupe français MiCkey [3d]: après une parenthèse solo (Les chansons perdues, en 2007), Mickael Furnon revient aux commandes de ce qui fut un trio à succès - mais sans ses deux compagnons! Disons que le 3D est en suspens... Mais que le disque qui en résulte, baptisé La grande évasion, est incroyablement actuel et fascinant.

Quand je lui lance les noms du groupe britannique électro-pop Depeche Mode pour qualifier sa musique et Alain Chamfort (chanteur de variétés français particulièrement raffiné) pour décrire l'élégance de sa plume, Mickael Furnon ne hurle pas. Au contraire. Le taciturne Mickael est plutôt content de la comparaison: «J'ai beaucoup écouté Chamfort dans ma vie, j'ai toujours aimé sa façon d'écrire, et j'ai encore plus écouté Depeche Mode!»

 

On aura compris que, sur des musiques très new wave façon années 80 (on n'y échappe pas, ces temps-ci!), la qualité des textes de Furnon est toujours indéniable. Ce n'est pas un hasard si ont fait appel à lui les Stephan Eicher, Jane Birkin (le seul véritable succès radio de la chanteuse, Je m'appelle Jane) et autres Indochine (qui a popularisé sa chanson J'ai demandé à la lune), au fil des ans.

Cette fois, avec parfois un humour sombre, une voix trafiquée et un sens de la mélodie qui tue, Mickael Furnon s'est inspiré d'endroits de toutes sortes, du village de Montluçon («Je suis passé un jour par ce petit village un peu glauque, et j'ai eu envie d'y camper une histoire d'amour un peu glauque...») à tout l'univers, rien de moins (Yula, fiancée galactique), en passant par Paris (Paris, t'es belle) et... Sherbrooke, notre Sherbrooke (La footballeuse de Sherbrooke, inspirée par le passage du chanteur sur le campus de l'université de l'endroit!).

Quant à Je m'appelle Joseph, elle se déroule à Augusta Falls, aux États-Unis. Et elle est née de la lecture du roman de R.J. Ellory, Seul le silence (A Quiet Belief in Angels en version originale): «C'est la seule de mes chansons inspirées par un roman sur cet album, mais j'avais beaucoup aimé le fait qu'Ellory y donnait notamment la parole à une des petites victimes du serial killer; j'ai eu envie, moi aussi, de faire une chanson à deux voix, celle du narrateur et celle d'une petite fille qui va être tuée.»

Furnon laisse entendre un soupir: «C'est gentil de ne pas me poser de question sur Jojo (son ancien batteur) et Najah (claviers) - Najah avec qui j'ai écrit trois chansons sur l'album, je tiens à le dire, tout de même. Mais je suis fatigué de répéter, en entrevue qu'on était fatigué d'être ensemble...» En d'autres termes, MiCkey [3d] est en quelque sorte devenu un pseudonyme de Furnon, nettement plus vendeur, il faut bien le reconnaître, que «Mick est tout seul», qu'il avait utilisé pour son album solo (Les chansons perdues), inspiré par la mort de son père.

Mais il faut reconnaître tout autant que Mickael Furnon était et est toujours l'âme de Mickey, avec ou sans crochets. Toujours intéressé par le Québec et sa musique (il parle de Karkwa ou d'Arcade Fire avec passion), il entend bien venir en faire la démonstration en personne l'an prochain.

Mickey [3d]

La grande évasion

Moumkine/EMI

En magasin mardi

 

EN UN MOT

Après un grand succès auprès du public tant ici qu'en France entre 1996 et 2007, le groupe Mickey3D refait surface avec une nouvelle orthographe (MiCkey [3d]), un nouvel album (La grande évasion) et un seul membre survivant, son leader, Mickael Furnon.