Elle le sentait sans doute très fort, ce premier spectacle de sa tournée The Monster Ball. Mais Lady Gaga n'a pas livré la marchandise au Centre Bell, hier soir. Disons-le bien simplement: son «bal des monstres» était décevant.

La chanteuse pop de 23 ans avait fait un triomphe au Métropolis en mars dernier. Hier soir, la chanteuse revenait à Montréal dans un tout autre état d'esprit. Elle est devenue une véritable star qui peut s'offrir les plus grands amphithéâtres. Elle n'a plus besoin de rendre visite aux star-académiciens et de faire le plus de promotion possible comme elle l'avait fait l'hiver dernier. Cette fois-ci, l'artiste a même décliné une invitation à Tout le monde en parle. Il faut aussi souligner que Lady Gaga n'acceptait la présence d'aucun photographe ou caméraman, hier soir. La Presse a donc acheté son billet, comme tout bon spectateur qui était présent au Centre Bell.

Les médias ne sont également pas invités à ses spectacles de Toronto (samedi soir) et Ottawa (dimanche).

Insultant pour son public canadien? Oui, car Lady Gaga était en rodage, hier soir, et pas en maîtrise de ses moyens. D'abord, la chanteuse a joué les divas, en arrivant sur scène avec plus d'une heure de retard par rapport à ce que le Groupe Spectacles Gillett avait annoncé. Des gens s'impatientaient, au point de pousser des huées. «Même Madonna fait moins attendre son public», a lancé mon ami.

Mais quand Lady Gaga a fait son entrée sur scène, la foule était en liesse. Elle avait déjà pardonné à l'interprète de Paparazzi son retard. Vêtu d'un costume brillant et d'un masque de bal masqué, la chanteuse était au milieu de la scène enfumée. Elle a lancé le bal avec Dance in the Dark, tiré de son nouvel album lancé cette semaine, The Fame Monster (il contient huit nouvelles chansons, et une réédition de son album The Fame).

Lady Gaga a ensuite enchaîné avec son premier succès radiophonique, Just Dance. Avec une guitare clavier dans les mains, la vedette pop est sortie d'un cube transparent, encerclée par des danseurs déguisés en sorte d'hommes araignées.

Après Beautiful, Dirty, Rich, c'était déjà le temps de changer de costumes. Dès lors, on avait l'impression que quelque chose clochait dans le spectacle. Cela ne coulait pas entre les parties chantées et les segments de lipsync qui permettaient à Lady Gaga de danser.

Du haut du parterre où était notre place, on avait aussi une impression de vide en regardant la scène. La chanteuse avait beau être accompagnée de danseurs, les musiciens étaient cachés par les écrans des projections multimédia.

Lady Gaga semblait aussi coincée dans ses costumes et pas encore à l'aise dans ses chorégraphies. Elle a par ailleurs glissé plusieurs fois pendant la soirée, ce qui lui a fait dire: «j'ai l'air d'une mannequin saoule sur un podium». Mais le pire est arrivé: en chantant son tube Poker Face, elle est véritablement tombée par terre...

Dans le deuxième segment, Lady Gaga a interprété Love Game (conclue par une «split»), Boys Boys Boys et une nouvelle pièce, Alejandro. Encore là, ça ne levait pas et ce n'était pas à la hauteur des spectacles de la flamboyante artiste. Ça manquait de folie et d'exubérance. Nous n'étions pas dans un party, mais devant des «tableaux musicaux».

Après la projection multimédia (intéressante, mais sans plus) d'un corbeau, Lady Gaga est revenue sur scène seule au piano. Parfois debout sur son banc, elle a montré au public à quel point sa voix peut être aussi puissante que celle d'une Christina Aguilera. Enfin, on délirait un peu.

Après un bref passage sur scène du rappeur Kid Cudi, Lady Gaga est revenue d'un autre changement de costume avec un juste au corps doré et un masque de pharaon, pendant que les écrans montraient des pyramides. Même constat: trop de poses et pas assez de naturel. Peut-être qu'il y avait plus d'ambiance au parterre, mais dans les gradins, des gens regardaient leur montre.

Soit que Lady Gaga avait trop d'ambitions pour ce Monster Ball, soit qu'elle n'était tout simplement pas prête hier soir. Quoiqu'il en soit, le spectacle qu'on a vu n'était pas au point. Plusieurs détails sont à régler. La chanteuse ne vit pas encore son show, elle tente de l'apprivoiser.

Lady Gaga reste tout de même Lady Gaga. Une chanteuse qui a redonné à la musique pop ses lettres de noblesse. Elle a une voix extraordinaire. Elle a un sens inné de la théâtralité. Elle a aussi une vision et une réflexion sur son art.

Mais hier, son personnage de vedette pop pour qui «tout est possible» a montré qu'il avait ses limites.

Conclusion: personne n'est infaillible. Même Lady Gaga.