Feue Kate McGarrigle est née le 6 février 1946 à Montréal, d'un père anglophone, Frank McGarrigle, et d'une mère francophone, Gabrielle Latrémouille.

Benjamine d'une famille de trois enfants (Jane et Anna la précèdent), Kate a passé son enfance à Saint-Sauveur-des-Monts, soit dans un cadre ouvert sur les deux communautés linguistiques très présentes dans cette portion des Laurentides.

Cette ouverture atypique des parents McGarrigle n'excluait certes pas la musique, rapportent les notes biographiques des frangines sur leur page MySpace. Les ambiances familiales mêlaient allègrement les patrimoines folkloriques québécois au répertoire moderne anglo-américain, d'où cette prédispositon pour le renouveau folk ayant marqué l'Amérique au tournant des années 60.

À Montréal, les soeurs McGarrigle ont fait leurs études secondaires à Marie-Rose, école privée pour jeunes filles tenue par les Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, dont l'enseignement de la musique était une valeur pédagogique importante. L'engouement des adolescentes pour le mouvement folk (et Bob Dylan dont elles étaient des fans finies) les avaient conduites à se procurer des guitares acoustiques afin d'accompagner leurs chants. Un premier groupe s'était formé de concert avec Jack Nissenson et Peter Weldon: Mountain City Four. Kate complétait ensuite un premier cycle universitaire à l'Université McGill (en sciences), Anna étudiait la peinture à l'école des Beaux-Arts.

Fin des années 60, les soeurs McGarrigle effectuaient de nombreuses navettes entre Montréal et New York, dont le quartier Greewich Village était le coeur du renouveau folk. Les soeurs finirent par y tenter leur chance, y imposer leurs chansons originales et s'y tailler une solide réputation.

En 1971, Kate se mariait avec Loudon Wainwright III, songwriter des plus doués et fils de Loudon Junior, célèbre chroniqueur américain qui fut aussi l'éditeur du réputé magazine Life. De ce mariage, Rufus est né en 1973 et Martha en 1976. Après avoir vécu un moment à Boston, le couple s'installa à New York, ce qui n'empêcha pas les soeurs de poursuivre leur travail de création. L'union entre Kate et Loudon III s'est terminée trois ans après la naissance de Rufus. La maman est rentrée à Montréal avec ses deux enfants.

Après que Maria Muldaur et Linda Ronstadt eurent repris chacune une chanson de Kate (The Work Song) et Anna (Heart Like À Wheel), les soeurs McGarrigle ont obtenu un contrat de disques chez Warner Bros. Réalisé par les renommés Joe Boyd et Greg Prestopino, un premier album des soeurs McGarrigle fut lancé à l'aube de 1976. Le magazine anglais Melody Maker avait alors qualifié ce premier 33 tours de «meilleur album rock de 1976», ce qui avait valu aux Québécoises un rayonnement considérable au Royaume-Uni. Aux États-Unis, le respecté New York Times avait retenu ce premier album parmi ses «best of 1976». L'année suivante, les soeurs étaient invitées à chanter à la fameuse émission Saturday Night Live.

Un seul titre en français figurait sur cet opus: Complainte pour Sainte-Catherine, écrite de concert avec Philippe Tatartcheff. À l'origine, ce titre était la face B d'Hommage à Henri Richard, une chanson qui n'a visiblement pas connu le même destin! Non seulement Complainte pour Sainte-Catherine devint-elle un tube dans la francophonie entière mais aussi en Hollande et en Europe septentrionale. Déjà réputées dans le circuit folk américain (et aussi anglais), les soeurs McGarrigle ont enchaîné les albums Dancer with Bruised Knees en 1977 et Pronton Monto en 1979.

En 1981, les racines québécoises des auteures-compositrices-interprètes étaient mises en relief sur le label indépendant Hannibal, propriété de Joe Boyd. C'est alors que Complainte pour Sainte-Catherine, reprise sur ce French Album/Entre Lajeunesse et la sagesse, devint un véritable tube québécois. On raconte que l'émission Station Soleil, animée par Jean-Pierre Ferland, avait alors été un tremplin important pour les soeurs McGarrigle.

Autoproduit, l'album Love Over and Over fut lancé en 1982, puis les soeurs ont cessé d'endisquer jusqu'à ce que le réalisateur Pierre Marchand (Sarah McLachlan, etc.) ne participe à leur relance en 1990 avec l'excellent Heartbeats Accelerating. Matapedia fut créé en 1996, puis The McGarrigle Hour en 1998 dont la version DVD («with family and friends») fut mise en marché en 1998. La Vache qui pleure s'ensuivit en 2003 et The McGarrigle Christmas Hour fut conçu pour le temps des Fêtes en 2005, encore là «with family and friends».

Hormis leur carrière en tandem, les soeurs McGarrigle ont participé aux enregistrements d'Emmylou Harris, Linda Ronstadt, Nick Cave, Eddy Schwartz, Gilles Vigneault, Loudon Wainwright III, Rufus Wainwright, Martha Wainwright, Michel Rivard et autres Angèle Arsenault. En 2005, elles ont aussi enregistré une version de la Complainte du phoque en Alaska dans le cadre d'un album-hommage destiné au groupe Beau Dommage. Il va sans dire que les chansons de Kate et Anna ont été reprises par une pléiade d'artistes, de Judy Collins à Chloé Sainte-Marie en passant par Billy Bragg.

Sur scène, Kate et Anna ont participé en 2005 aux concerts-hommages à Leonard Cohen. Accompagnées de leurs amis Joel Zifkin et Michel Pépin, elles ont tourné au Royaume-Uni et en Australie avec Rufus, Martha et Lily Lanken - fille d'Anna. En mai 2006, Kate, Anna et Lily ont prêté main forte à Martha pour son spectacle présenté au Bloomsbury Theatre de Londres. En juillet 2006, maman Kate a accompagné Rufus dans le cadre de son fameux concert consacré à Judy Garland, présenté au Carnegie Hall. Son ultime performance sur scène fut donnée au Royal Albert Hall de Londres, en décembre dernier. Inutile d'ajouter qu'elle a toujours encouragé ces réunions spontanées, toujours sympahiques même si parfois échevelées, du clan McGarrigle-Wainwright.

Kate et Anna ont été décorées de l'Ordre du Canada en 1994. Pour l'ensemble de leur oeuvre, leur ont été décerné le Prix du Gouverneur général en 2004 et celui de l'ASCAP en 2005.

Dane Laken, le mari d'Anna cité mardi par AP, a indiqué que Kate McGarrigle combattait un cancer depuis 2006. La maladie avait d'abord frappé l'intestin grêle pour ensuite se propager dans le foie. Elle est décédée lundi soir à son domicile, entourée de Rufus et ses soeurs Jane et Anna.