Ensemble pour Haïti, les réseaux francophones de télévision, sans compter moult stations de radio et autres nouveaux médias (dont Cyberpresse) ont exclu hier toute « télérivalité ».

Au total, avec le téléthon des artistes anglophones diffusé dans le reste du pays, la soirée a permis d'amasser 16 millions $.

Pendant deux heures et demie en direct, une cinquantaine d'artistes du Québec d'aujourd'hui ont communié pour Haïti, afin que l'audience de cette émission de solidarité participe généreusement à la collecte de fonds.

Pour le numéro d'ouverture du téléthon en français, on a choisi d'évoquer la douleur haïtienne par la chanson Le Monde est stone; la soprano Marie Josée Lord s'est alors retrouvée au centre d'une équipée de chanteuses - Martine St-Clair, Luce Dufault, Patsy Gallant, etc.

Jean-Pierre Ferland a fait du feu dans la cheminée, puisqu'il avait «neigé» à Port-au-Prince avec les résultats qu'on sait. Après avoir interprété en duo un extrait de Reviens chez nous, l'ami JP a remis une autre bûche avec la version complète d'Une chance qu'on s'a, qui prenait une nouvelle signification dans le contexte.

Absente du plateau (elle participait à l'émission canadienne anglaise), Céline Dion est apparue à l'écran, enjoignant l'auditoire d'aider généreusement Haïti. Après quoi l'animatrice France Beaudoin révélait que le couple Dion-Angélil avait fait un don de 500 000$.

Si Dieu existe, de Claude Dubois, a été amorcée par Syvain Cossette et enchaînée par Maxime Landry et Bruno Pelletier.

L'hymne à la beauté du monde fut entonné par Diane Dufresne, véritable thème d'espoir pour voix et orchestre. En direct de la Tohue, la gouverneure générale Michaëlle Jean s'est d'ailleurs inspirée du texte de cette chanson pour évoquer tous les humains solidaires d'Haïti. «Nous ne sommes pas indifférents».

Animateur, chanteur et fer de lance de cette émission spéciale, Luck Mervil y est allé d'un numéro chanté en créole, inspiré du style «rasin», musiciens et danseurs haïtiens à l'appui, sans compter un important complément d'orchestre sous la direction de Guy Saint-Onge. Un peu plus tard, Luck chantait une version bien sentie des Sans papiers, un air qui l'avait propulsé à l'époque où il prenait part à l'opéra rock Notre-Dame de Paris. À l'extérieur du studio, une chorégraphie se déployait simultanément en pleine rue.

«Ensemble nous pouvons faire la différence», a renchéri le premier ministre Stephen Harper dans une vidéo préenregistrée, rappelant aux donateurs que leur contribution financière serait doublée par le gouvernement fédéral.

Ont également été diffusés des témoignages très touchants de plusieurs reporters sur le terrain - Emmanuelle Latraverse, Akli Aït Abdallah, etc. Par ailleurs, des témoignages en direct d'Haïtiens de Montréal ont été recueillis par Joël Legendre et Isabelle Racicot.

Après avoir chanté l'amitié, la vraie, Nicola Ciccone a accueilli sur le plateau Marie-Ève Janvier et Jean-François Breau; Donner pour donner, fameux duo de France Gall et Elton John.

Scandée par Brigitte M, Over The Rainbow fut carrément soudée à Smile, cette grande chanson de Charlie Chaplin interprétée vendredi par Stéphanie Lapointe.

Renée Martel a fait des heureux en invitant Annie Blanchard et Wilfred LeBouthiller à chanter avec elle I Want to Know What Love Is, de Foreigner.

Pour sa part, Marie-Élaine Thibert a chanté en direct sur des images du séisme.

Avec de puissants renforts orchestraux, H'Sao, un ensemble montréalais d'origine tchadienne, a interprété Michael Jackson plutôt que de puiser dans sa pop africaine: You Are Not Alone, thème de circonstance il va sans dire.

Grégory Charles et un détachement de chanteurs volontaires ont interprété un fragment de l'hymne national haïtien, La Dessalinienne, extrait fondu dans une version pour le moins fervente du classique gospel Oh Happy Day. Cri d'espoir, on s'en doute bien.

L'animatrice France Beaudoin a cité Dany Lafferrière: «Quand tout tombe, il reste la culture» et le ténor Marc Hervieux a chanté La Quête de Brel.

Lavi Tineg, du groupe hip hop Muzion (montréalais d'origine haïtienne), a trouvé une nouvelle vie avec l'accompagnement des Colocs.

Quand on n'a que l'amour, autre incontournable de Brel au programme, a été reprise par Marie-Jo Thério, Pierre Lapointe et Daniel Boucher.

«L'âme n'a rien à voir avec la couleur de la peau», a conclu Luck Mervil à la suite de la très puissante version soul de Nadja.

Mario Pelchat et Laurence Jalbert auront aussi fait équipe, avant que plusieurs chanteurs se joignent à Luck Mervil pour coiffer le tout d'un pot-pourri de tubes soul/R&B.

On aura retenu les interventions pissantes de Marc Labrèche au centre d'appel qu'animait Gildor Roy, sans compter la participation d'une foule d'animateurs, humoristes et comédiens connu de tous les publics québécois, de gauche à droite de notre spectre culturel.

Outre cette presque cinquantaine d'artistes sur scène, d'autres figures connues ont offert leur témoignage pendant qu'une soixantaine d'artistes et personnalités des médias s'employaient au centre d'appels. Pierre Marchand, président du secteur musique du Groupe Archambault, fut à la barre de cette ambitieuse opération télévisuelle réalisée en une seule semaine. Ce spectacle télévisuel en direct fut mis en scène par Pierre Boileau, sa réalisation-coordination a été confiée à Mario Rouleau.