Le quintette électro Misteur Valaire, alias MV, ne fait jamais rien comme les autres. Par exemple, donner gratos son premier album sur l'internet, s'assurant ainsi de 40 000 téléchargements. Cette fois, alors que nombre d'artistes préféreraient une entrevue pour promouvoir un nouvel album au lieu d'en donner une pour parler d'un spectacle, MV désirait parler de son show et de la prévente de son deuxième disque. Rencontre du cinquième type.

Dans leur studio de répétition, les cinq membres de Misteur Valaire ont fait un peu de ménage: exit les bobettes-souvenirs! Il reste tout de même quelques hologrammes kitsch du Christ, une affiche de Marie-Chantal Toupin (!), une peinture sur velours olé olé... et un disque «dur d'or» que les gars se sont «gossé» pour marquer les 40 000 téléchargements de leur premier album, Friterday Night.

 

Mais Friterday Night semble un peu loin aujourd'hui, alors que les gars ont mis en prévente leur deuxième album sur le site MV.mu (où on peut également bloguer avec les cinq adorables zoufs et voir It's All Good, leur dernier clip hallucinant, à voir ab-so-lu-ment).

En effet, en mai prochain, le disque existera en version numérique et «dure», mais on peut déjà acheter des forfaits comprenant l'achat de l'album, histoire de subventionner en quelque sorte le groupe. Ça vaut la peine de copier intégralement l'explication de MV à ce propos, tirée de son site: «Pour maximiser le temps consacré à la réalisation de cet album, nous avons décidé de minimiser nos apparitions sur scène. Or, comme notre modèle économique est fondé sur les revenus de spectacles, votre participation s'avère essentielle pour nous permettre de nous concentrer à cette tâche durant les prochains mois.» Quand on vous disait que Misteur Valaire ne fait rien comme les autres... En tout cas, moi, je n'ai aucun autre souvenir d'artiste parlant de «modèle économique» !

De retour dans le studio de MV, où les instruments, eux, traînent partout. Car tout électro qu'ils sont, les cinq doués sont de fervents musiciens d'instruments conventionnels, que ce soit Jules (batterie, table tournante, programmation), Drouin (saxophone et synthétiseur), To (trompette, piano, synthétiseur et programmation), Luis (tablas et percussions) et France (basse et synthétiseur).

La journaliste a eu l'insigne honneur d'entendre quatre morceaux du prochain album - et les spectateurs de MV en ont aussi l'occasion puisque la moitié d'entre elles figurent dans le show du groupe depuis quelques mois. Première constatation: toujours électro, mais en plus fredonnable que les morceaux de Friterday Night. «On voulait faire quelque chose de plus catchy, de plus mélodique», explique France.

«Et on a arrêté d'écouter que du jazz, ça élargit un peu l'éventail», poursuit Luis. «Mais bon, on fait quand même pas de la popette», précise To. «Sauf que c'est plus chantable», renchérit Jules, alors que Drouin est d'accord pour qu'on dise que «ça fait plus d'heures qu'on est sur Terre, c'est normal qu'on ait écouté plus d'affaires et que ça paraisse.»

Originaires de Sherbrooke, les cinq musiciens ont décidé de monter l'événement Sherbrooklyn pour soutenir la musique du coin, en avril (voir sur leur site) et entendent poursuivre sur leur lancée dans le monde, notamment en France, où leurs fans sont de plus en plus nombreux.

Mais avant cela, MV sera aux Jeux olympiques pour quatre représentations dans quelques jours et donnera un grand coup ce soir: c'est la toute dernière représentation de son spectacle à «grand déploiement» à Montréal, avant de passer à la conception d'un nouveau show. Mais de quoi vivez-vous si vous ne pouvez compter sur la vente de billets?

«Disons qu'on a eu les moyens de faire le disque en attirant constamment l'attention, les préventes de l'album sont en quelque sorte de l'argent que nous avancent nos fans», explique France.

«Comme une subvention privée, sans pour autant demander la charité», reprend Luis. «Il faut dire qu'on vit de peu», ajoute Drouin. «Un peu de pain, un peu d'eau, un peu d'amour», poursuit To. «C'est surtout l'amour, en fait, qui est difficile à trouver,» conclut Jules, accueilli par des rires.

 

Temps d'images... en musique

Créé en Europe en 2002, le festival Temps d'images mêle théâtre, danse, projections vidéo, cinéma, musique... Depuis 2006, Montréal accueille Temps d'images et sa cinquième présentation nord-américaine investit l'Usine C jusqu'au 6 février. Son volet musique, cette année, comprend l'événement mettant en vedette Misteur Valaire, ce soir, à 20h (plus DJ/VJ et les projets Boîte à musiques et Boîte à images). Sur le site www.usine-c.com, on trouvera plus d'infos sur les étonnantes soirées musique et multimédia intitulées Stereoptik, Light Music et Cubes à sons/bruits/babils.

Misteur Valaire, ce soir à l'Usine C, de 20h à 3h (avec DJ invités). Album en prévente sur le site MV.mu