Après trois décennies d'absence, Lewis Furey remonte sur scène à Paris sous les acclamations des Inrocks et du Nouvel Obs.

La dernière fois que Lewis Furey a vraiment fait de la chanson à Paris, c'était à la fin des années 70: deux albums en 1975 et 1978, et quelques semaines de spectacles au théâtre de la Porte Saint-Martin. C'était il y a plus de 30 ans. Autant dire une éternité.

 

Or voici la nouvelle: il remonte sur scène ces jours-ci pour quatre spectacles à L'Européen, petite salle branchée de 400 places du nord de Paris, il en profite pour rééditer ses deux albums, et le voilà acclamé par les médias branchés qui, apparemment, n'ont rien oublié de sa gloire parisienne passée. Pour eux, de toute évidence, Lewis Furey est un artiste culte, un OVNI inclassable de la chanson qui n'a pas pris une ride.

Pour la première, jeudi soir, L'Européen était pratiquement complet, ce qui est normal. Lewis Furey, qui reprenait en gros son spectacle du Festival de jazz de Montréal, et avait opté pour le modèle intimiste - deux pianos, deux choristes - a été acclamé comme il se doit. Sa fille Clara, pianiste douée, dotée d'une fort belle voix, et qui jouait l'invitée-surprise, a eu droit, bien entendu, à un petit triomphe personnel lorsqu'elle a interprété trois chansons de sa composition en début de deuxième partie. Mais il y avait aussi dans la salle un journaliste du Monde et un autre de Libération - ce qui est tout à fait exceptionnel, s'agissant d'une courte série de quatre spectacles.

Il faut croire que, dans les pages culturelles des médias «de référence», personne n'a oublié le Lewis Furey des années 70. Dans son numéro du 27 janvier, l'hebdo ultrabranché Les Inrockuptibles lui consacre une page entière: «Après 30 ans d'absence, le passionnant Canadien revient sur scène et réédite ses disques cultes: un must», sous-titre l'hebdo. Un peu plus loin: «À l'époque, Furey n'avait rien à envier à Lou Reed ou Bowie.»

Autre magazine qui donne le ton à Paris, le Nouvel Observateur s'empresse de recommander aux lecteurs ce spectacle où «trouble et magie sont garantis». C'est le retour «d'un grand songwriter, cet énigmatique auteur-compositeur-interprète que nous avions découvert éblouis»... Apparemment au diapason, France 3 l'invitait en direct pour sa tranche d'information du soir. Et France 2, toujours en direct, pour l'interprétation d'un morceau à l'émission culturelle de fin de soirée.

Au cours des trois dernières décennies, Lewis Furey était fréquemment repassé par Paris, mais en tant que metteur en scène, réalisateur de clips et de vidéos. Comme si sa vie de chanteur n'avait été qu'une parenthèse brève et lointaine. Jeudi soir, il renouait avec ce passé, mais avec le plus grand naturel, comme s'il n'avait jamais arrêté de chanter sur scène.

«J'ai toujours envisagé la musique et la chanson dans le cadre d'une création théâtrale, disait-il hier soir après le spectacle, car au fond, l'un de mes modèles suprêmes a toujours été Kurt Weil. Je ne me suis jamais considéré comme un pur chanteur. Je n'ai donc plus jamais fait d'albums après Selected Songs. Mais j'ai eu l'occasion en 2008 de remonter sur scène au Festival de jazz, à Montréal - mais pour l'essentiel avec des chansons de théâtre. Quand on m'a proposé de refaire le spectacle au Japon, j'ai tout de suite accepté. Aujourd'hui, me voilà à L'Européen pour quatre soirs. Pour moi, c'est une vitrine, un tremplin: le projet en cours, c'est une tournée en France au printemps ou à l'automne. À concrétiser.»

Lewis Furey a toujours un fan-club en France. Discret et haut de gamme.