L'étude d'un site P2P québécois démontre que plus de la moitié de la musique téléchargée par ses usagers y est québécoise.

Les contenus musicaux d'artistes québécois y constituent 21% des produits musicaux disponibles sur ce site P2P administré par des Québécois - et dont ses observateurs ne peuvent dévoiler l'identité. Essentiellement francophones, ces contenus québécois représentent 51% des téléchargements de contenus musicaux effectués par des usagers québécois. Établi au printemps 2009, ce pourcentage est supérieur à la part de marché des CD québécois vendus au Québec en 2008, c'est-à-dire 43%.

«Ce qu'on constate, c'est que les Québécois téléchargent en P2P beaucoup plus qu'on ne le croyait. Il y a donc beaucoup d'intérêt pour le produit québécois sur l'Internet. Ce constat désamorce l'idée voulant que les Québécois privilégient un téléchargement éthique, c'est-à-dire qu'ils favorisent l'achat de supports physiques québécois et téléchargent peu de produits québécois en ligne via P2P», explique Martin Tétu, chargé de projet pour cette étude qui fait aussi l'objet de son mémoire de maîtrise à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).

«Autre fait marquant, fait observer le jeune chercheur, 42% des 200 contenus les plus téléchargés sur ce site P2P ont été assemblés par des usagers. En d'autres termes les usagers de ce P2P y ont mis en ligne leurs propres compilations ou encore y ont numérisé leurs vieux vinyles qui ne l'avaient pas été par les maisons de disques.»

L'étude nous apprend en outre que l'usager québécois type est de sexe masculin, qu'il est âgé de 20 à 39 ans. L'âge et le sexe, toutefois, n'ont pas d'incidence sur la quantité de produits numérisés que téléchargent les usagers; la moyenne individuelle de consommation représente un gigaoctet de contenu par semaine, ce qui équivaut à la somme d'entre trois et six contenus audiovisuels - musique, film, émission de télé, jeu vidéo, livre, etc.

Par ailleurs, l'étude fait observer que les produits musicaux téléchargés en P2P par les internautes québécois diffèrent des produits achetés en magasin: parmi les 200 titres les plus vendus en format physique (CD ou vinyle), 93% sont des nouveautés alors que celles-ci ne constituent que 40% des 200 titres les plus téléchargés via P2P.

Rappelons que le P2P, c'est-à-dire l'échange pair-à-pair (surtout) sans autorisation des ayants droit, a connu une croissance phénoménale depuis 1999. L'activité mondiale liée au P2P représente aujourd'hui le tiers du flux des contenus en circulation sur l'Internet.

Menée par Martin Tétu, cette étude s'intitule Le téléchargement pair-à-pair au Québec: un premier portrait statistique à partir d'une observation directe. Elle nous révèle des données importantes sur les pratiques de plus de 300 000 internautes. L'étude a été réalisée du 16 mars au 12 avril 2009, c'est-à-dire sur quatre semaines consécutives. Elle résulte de la collaboration entre l'Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ) et l'Institut de la statistique du Québec et l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).

«Pour la première fois, estime fièrement Martin Tétu, nous disposons de l'observation systématique d'un terrain québécois concernant l'échange de fichiers numérisés. On peut en dégager des constats validés par une observation réelle.»