On associe spontanément Yves Duteil aux classiques que sont devenus Prendre un enfant et La langue de chez nous, créés en 1977 et 1985. Loin de se complaire dans une nostalgie immobile, le chansonnier français vit au présent et tient au renouvellement.

«J'ai envie de montrer que je suis un créateur et non pas un gardien de musée. Je suis une exposition itinérante!» illustre Yves Duteil pour décrire l'état d'esprit ayant inspiré la création du spectacle qu'il viendra présenter au Québec au printemps.

 

«C'est une mise à jour du présent et de tout ce que j'ai pu faire avant. C'est tout le nouvel album avec des repères du passé», a décrit l'artiste de passage à Trois-Rivières la semaine dernière.

Cette tournée, qui suit la sortie de l'album (Fr)agiles, paru en 2008, a été amorcée à Paris il y a un peu plus d'un an. Sur scène, le chanteur, guitariste et pianiste est accompagné de Gilles Bioteau à la basse et contrebasse, et d'Angelo Zurzolo au piano et mélodica.

Et pour la première fois, l'artiste s'est adjoint les services d'un metteur en scène, Néry. «J'avais besoin d'un oeil externe, d'un miroir actif qui m'aiderait à garder le meilleur et à trouver d'autres pistes d'expression. C'est une mise en scène poétique, très simple. C'est même une mise en musique plus qu'une mise en scène», explique-t-il.

«Le moment est venu pour que les gens me découvrent tel que je suis aujourd'hui, avec mon évolution», ajoute-t-il. Autant musicalement qu'au plan des préoccupations illustrées dans ses textes, Yves Duteil considère que son oeuvre s'est adaptée au fil des années et des décennies.

Ancré dans l'actualité, l'auteur a notamment évoqué des questions comme le régime chinois au Tibet ou encore la détention de la Franco-Colombienne Ingrid Bétancourt. «Les thèmes reflètent le temps d'aujourd'hui. J'ai parlé de tsunami, de femmes victimes de violence, même si je fais encore aussi des chansons d'amour intimes», énumère-t-il.

«J'ai ajouté des couleurs à ma palette, sans enlever quoi que ce soit à ce que j'ai fait avant», résume celui qui, depuis L'écritoire en 1974, a fait paraître une vingtaine d'albums qu'il autoproduit depuis 1981.

Le contact direct

Yves Duteil n'a pas seulement évolué dans son art, il se tient aussi à la page technologique. Il tient un blogue depuis quelques années.

«Le blogue est une façon d'être en relation personnelle avec les gens du public. On peut se parler à travers un écran qui sert à se relier et non à occulter», note-t-il, en faisant référence aux filtres et biais des représentations médiatiques de masse.

«Je prends les photos, je fais la mise en page, j'écris... C'est une façon de se parler en direct, de communiquer sans intermédiaire», apprécie l'homme.

Le contact direct avec le public semble une préoccupation essentielle pour l'artiste multidisciplinaire qu'il est. Les concerts représentent aussi pour lui une occasion de communiquer directement avec les spectateurs qui achètent ses disques et se déplacent pour le voir et l'entendre.

«Les concerts, c'est un présent permanent, un présent continu. Je me suis toujours astreint à répondre à mon courrier, et après les concerts, je reste pour rencontrer le public. J'entretiens une intention permanente d'aller au contact des gens, de communiquer avec eux directement», conclut-il.

La tournée québécoise d'Yves Duteil comprendra des escales à Montréal, Trois-Rivières, Rivière-du-Loup, Moncton, Sept-Îles, Gatineau, Sorel-Tracy, Québec et Sherbrooke.