Où est Marc Hervieux? Il est partout! En duo avec Ginette Reno, dans l'opéra Nelligan ou dans la version concert de Starmania/Notre-Dame de Paris, à la télé, et sur trois albums à son nom parus depuis octobre. Ainsi que dans son propre spectacle, où il nous convie à un voyage musical aux multiples couleurs: opéra, pop, chanson napolitaine, Broadway et big band.

Marc Hervieux est un personnage à part, un chanteur d'opéra louangé par mon collègue Claude Gingras et qui connaît un véritable succès populaire. Le 31 décembre dernier, au Metropolitan Opera de New York, j'ai vu des Québécois venus applaudir Yannick Nézet-Séguin entourer Hervieux comme s'il faisait partie de la famille. Le mois dernier, quand il a chanté Le blues du businessman à la salle Wilfrid-Pelletier, le public s'est levé d'un bond pour l'acclamer. «Je le sens, acquiesce-t-il. De plus en plus, je reçois ça comme un sentiment d'appartenance et de fierté des gens.»

 

Marc Hervieux était déjà une voix très sollicitée, lui dont les saisons d'opéra sont complètes jusqu'en 2012 et qui a des engagements jusqu'en 2015, mais sa popularité a connu une progression fulgurante ces dernières années. Le principal intéressé évoque un concours de circonstances particulièrement heureuses: «Le 1er mars, l'an dernier, j'étais à Tout le monde en parle et le 29, je chantais Fais-moi la tendresse avec Ginette Reno à Star Académie. Je ne sais pas combien de millions de personnes m'ont vu à la télé. À Star Académie, plusieurs téléspectateurs qui ne me connaissaient pas vraiment se sont dit: «Ah, c'est lui qui chante avec Ginette!»»

On connaît la suite: en octobre dernier, il a lancé coup sur coup un album de chansons pop (Après nous) et un disque de Noël (Le premier Noël). Et voilà qu'au moment de lancer un autre album consacré à l'opéra italien (Tenor Arias, lancé dans une quarantaine de pays le 30 mars), enregistré avec Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain, il entreprend une tournée du Québec vendredi prochain au Monument-National. Un peu étourdissant, non?

«Ça fait plaisir, c'est grisant, mais je suis un gars assez terre à terre et j'ai la blonde idéale pour le demeurer, répond Hervieux. Même si, hier soir, je chantais Nelligan et qu'on m'a fait une ovation, ce matin, à 6h10, je faisais les sandwichs pour mes filles.»

On soupçonne Marc Hervieux d'être un monsieur très convaincant. La même semaine, il a conclu des ententes avec Zone 3, qui a produit l'album pop Après nous, et Atma, qui s'occupe de ses disques classiques. Et ces deux entreprises qui n'ont aucun lien entre elles ont accepté volontiers d'arrimer leur stratégie de promotion.

À sa manière

«Quand j'ai proposé de sortir un album pop le 6 octobre, un disque de Noël le 27 du même mois et un autre en mars, tout le monde m'a dit que ça ne se faisait pas, raconte Hervieux. J'ai dit: «Faites-moi confiance, je ne détiens pas la vérité, mais j'ai toujours marché au feeling.» Eh bien, on a vendu 100 000 exemplaires de ces albums en deux mois et demi avant Noël!»

Quand il a expliqué à son producteur Zone 3 comment il voyait ce premier spectacle, il a précisé: «De toute façon, vous me connaissez, j'ai déjà en tête ce que je veux faire... et ce n'est pas négociable!» Hervieux éclate d'un rire sonore et ajoute, sur le ton de la confidence: «C'est toujours négociable, je suis un gars d'équipe.»

De toute façon, le producteur était d'accord. Ce spectacle allait être un voyage musical dans l'univers de Marc Hervieux: ce qu'il chante, ce qu'il écoute, ce qui l'influence. «Le corps du spectacle, c'est le disque Après nous, mais j'y greffe d'autres chansons pop, des airs d'opéra, des chansons napolitaines (qui seront de son prochain album, déjà enregistré), du Broadway, de la pop classique et du big band à la Sinatra, Michael Bublé ou Harry Connick», dit Hervieux.

Pour que tout cela n'ait pas l'air éparpillé, il s'est trouvé un metteur en scène complice en Joël Legendre, qu'il ne connaissait pas, mais avec qui ça a cliqué dès la première rencontre. «J'avais un feeling...», dit le chanteur. Mais avec un programme aussi ambitieux, il ne voulait surtout pas lésiner sur les moyens: «J'avais ma solution, mais je ne savais pas si mon producteur dirait oui. De fait, il a dit non. Gentiment, mais non tout de même: ça coûterait beaucoup trop cher. Je lui ai demandé d'y penser et de refaire ses calculs. Ma solution, c'est gros pour une tournée québécoise: 10 musiciens - dont un saxophone et une trompette - et une choriste pour la pop et le big band, et un quatuor à cordes pour le classique. Au bout du compte, après avoir tout recalculé, ça marche!»

Ce spectacle, Marc Hervieux le donnera dans cinq villes ce printemps avant de ratisser le Québec à l'automne et au début de 2011. Ginette Reno, avec qui il a développé une «belle complicité», sera de la partie: «Elle a accepté un truc extraordinaire: elle va faire un duo virtuel tous les soirs avec moi. On a enregistré ça vendredi dernier.»

Ce n'est qu'un juste retour des choses pour le chanteur d'opéra qui a participé à quelques reprises au spectacle de Ginette Reno ces derniers mois. «Ginette ne sait jamais quand je vais être là, confie Hervieux. On avertit le gars du son et l'éclairagiste, mais on ne le dit pas à Ginette. Quand elle sort de scène juste avant Fais-moi la tendresse, sa dernière chanson, je me cache en coulisse. Puis elle revient chanter sa chanson et juste au moment où elle s'attend à ce que ses choristes embarquent, j'arrive! Ginette est aussi surprise que son public!»

Marc Hervieux, au Monument-National, le 19 mars.