À St. John's, Terre-Neuve, les Juno se sont déplacés ce week-end. Le rap ouvertement nationaliste de Classified a ouvert cette soirée de deux heures, diffusée hier en direct sur le réseau CTV. On a bouclé la boucle avec le chanteur K'Naan et ses amis, tous favoris dans le Rest of Canada... L'unifolié s'est fait aller vachement, il va sans dire. Au programme? Pas de grosses vagues dans les Maritimes, force est de conclure.

Voyez le fil de cette soirée plutôt drabe...

Chanson (single) de l'année: Haven't Met You Yet, du crooner Michael Bublé.

Performance en direct du pubère Justin Bieber, le «baby» chéri de la soirée, pour reprendre le nom de son hit que le fameux rapper Drake viendra ponctuer.

Groupe de l'année: Metric et sa chanteuse très talentueuse, Emily Haines.

Le Juno du choix des fans: le crooner Michael Bublé, ce jeune homme bien élevé que toutes les mamans aimeraient avoir pour gendre...

Numéro country de Johnny Reid à la sauce Elton John.

La Montréalaise Niki Yanofsky, en voie de devenir une jeune femme (et peut-être une vraie chanteuse plutôt qu'une élève modèle), vient se montrer la fraise.

Numéro punk-rock de Billy Talent.

K'Naan est sacré auteur-compositeur de l'année.

Numéro country-folk des Great Lake Swimmers... Problème de moniteurs étant donné les fausses notes.

Présence notoire du ministre du Patrimoine canadien, James Moore. Au même chapitre de la représentation politique, Danny Williams, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, s'est aussi manifesté en direct.

On élit le nouvel artiste de l'année: Drake.

Performance rock de Metric, un vrai moment de qualité.

Tour de piste de Blue Rodeo.

Numéro de Drake qui gagne aussi la statuette de l'enregistrement rap de l'année.

Hommage à April Wine, from Montreal circa les seventies. Plus tôt, on a loué les actions humanitaires de Bryan Adams, retenu à Londres à cause du nuage de poussière volcanique.

Album de l'année? Michael Bub-bllell-ley, pour reprendre la prononciation suave de notre champion des bosses, Alexandre Bilodeau.

Pour conclure, K'Naan monte sur scène, assorti de Drake, Nikki Yanofky et Justin Bieber.

Aux Juno de 2010, les numéros de production auront été modestes de manière générale, avec une scénographie (toujours ces blocs de glace virtuelle) qui n'avait rien, strictement rien à voir avec celle des grands galas anglo-américains, sans compter les Brit Awards du Royaume-Uni.

Les Juno, en ce qui me concerne, c'est un peu comme le football canadien par rapport à celui de la NFL. Veut, veut pas, ce gala anglophone d'Amérique du Nord ne peut laisser autre impression que celle du parent pauvre. C'est qu'il faut avoir la fibre très canadienne pour s'y identifier.

Et que dire du rapport entre les Juno et le Québec: Ranee Lee, Alain Lefèvre, Andrea Lindsay (d'origine ontarienne mais établie à Montréal) et le Bell Orchestre ont beau y remporter des statuettes (au gala hors d'ondes), Ginette Reno et Maxime Landry ont beau y être retenus pour le Juno du choix des fans (leurs résultats de ventes rivalisent avec ceux des Canadiens anglais les plus performants), il ne faut pas se bercer d'illusions. À moins de changements majeurs dans la représentation francophone, les Juno continueront à passer par-dessus le Québec francophone. À moins de changements majeurs dans son budget de production, ce gala demeurera un concept régional sur ce continent.