Qui dira merci au volcan Eyjafjallajökull? Les jeunes producteurs de musique électronique de la métropole qui feront la file demain soir devant le Blue Dog, sur la Main, pour remettre leur démo à nulle autre que l'influente Mary Anne Hobbs, DJ et animatrice de l'émission Experimental sur BBC Radio 1, personnage-clé de la scène électro underground mondiale.

«Je suis probablement la plus chanceuse des victimes du volcan islandais! Les gens qui m'invitent à Montréal ont organisé tout ça très rapidement lorsqu'ils ont su que j'étais coincée ici, je les en remercie», dit-elle avec sa voix feutrée, souriante et empathique.

Pas de doute, c'est bien Mary Anne au bout du fil, la même qu'on écoute hebdomadairement à la BBC (sur le web: bbc.co.uk/programmes/maryannehobbs) pour découvrir ses plus récents coups de coeur et ses enregistrements exclusifs. Bloquée loin de Londres, elle a dû enregistrer deux émissions à Los Angeles, «l'occasion rêvée d'exposer la scène incroyable qu'il y a là-bas», dont les Flying Lotus, Nosaj Thing, Gaslamp Killer et autres talents encore méconnus.

«C'est une belle scène, très différente de celle de Londres. J'aime bien Londres, mais ces temps-ci, c'est vraiment Bristol et Glasgow qu'il faut surveiller», suggère la chasseuse de talents. «Les labels Numbers et Lucky Me, des tribus incroyablement dynamiques, à l'image de ce qui se passe à Los Angeles.»

Depuis une dizaine d'années, l'ex-journaliste au magazine NME tient l'antenne d'Experimental, émission de découvertes qui a souvent changé de mandat avant de s'attarder à la création électro d'avant-garde. Son rayonnement est tel qu'elle a animé des soirées à New York, à Los Angeles, ainsi que lors du réputé festival Sonar de Barcelone.

En janvier 2006, Hobbs diffuse une émission spéciale sur un genre émergeant alors là quasi inconnu: le dubstep. Passée à la légende, l'émission Dubstep Wars, qui réunissait dans le même studio les premiers acteurs de la scène, Kode9, Skream, Mala, Loefah, etc., est aujourd'hui considérée comme le tournant du développement de cette scène.

«J'aime la musique, j'ai toujours été mal à l'aise lorsque j'étais journaliste de critiquer le travail des artistes, explique-t-elle. Il y a tellement de nouvelle musique, je crois que c'est plus important de créer une plateforme où l'on peut exposer le meilleur de cet océan de sons. Ce qui m'importe, c'est le braquer un projecteur sur la musique qui m'apparaît importante et offrir aux auditeurs un raccourci vers cette musique, en souhaitant qu'ils apprécient.»

Nul doute que les créateurs d'ici aimeraient se retrouver sous son influent projecteur. En terminant, un conseil pour tous ceux qui voudraient laisser leur démo?

«Me donner ça sur une clé USB, plutôt que sur un disque gravé. Ça prend moins de place - la dernière fois, j'ai dû laisser la moitié de mes vêtements aux États-Unis parce que je n'avais plus de place dans les valises! Et bien étiqueter vos chansons. J'ai nombre de bonnes chansons sur MP3 dans mon ordinateur dont j'ignore le nom du compositeur...»

Mary Anne Hobbs sera de retour à Montréal cet été, à l'invitation du Piknic Électronik, qui l'a inscrite au programme durant le festival Osheaga.