Deux chansons d'Hugo Lapointe tournent beaucoup à la radio ces jours-ci: Que tu m'aimes trop et Malheureux sont toutes deux de sa plume et tirées de son nouvel album, éponyme. Cela n'a pas empêché l'auteur-compositeur de faire également appel à Daniel Lavoie, Daniel Boucher, Lynda Lemay, Jamil et Luc De Larochellière pour son troisième disque en six ans.

Le défi, quand il est question d'Hugo Lapointe, c'est bien sûr de ne pas parler de son frère Éric. Défi qui pourrait sembler difficile à relever quand on se rend compte que c'est Claude Pinault, collaborateur de longue date d'Éric, qui coréalise le nouvel album d'Hugo. Mais ce serait oublier que Pinault connaît les frères Lapointe depuis à peu près toujours. «La première fois que j'ai vu Claude en spectacle, rappelle Hugo en riant, c'était la première fois de ma vie que je sortais dans un bar, à Terrebonne, et il était chansonnier dans le bar! Écoute, j'ai même déjà fait une dissertation à l'école à partir d'une chanson d'Ex-Libris (groupe dont faisait partie Pinault), ça te donne une idée de nos liens.»

Ça explique aussi la diversité musicale et la qualité des arrangements de l'album éponyme, à des années-lumière du spectacle intime et littéralement «autour du feu de camp» donné quelques soirs par Hugo Lapointe aux dernières FrancoFolies. «C'est vrai que ça n'a pas beaucoup de rapport, mais c'était à l'invitation des Francos, ce spectacle, et ça m'a fait du bien parce que ça me faisait sortir du studio où j'ai été enfermé tout l'été.» Et où Claude Pinault n'était pas... parce qu'il a épousé une chanteuse de jazz du Montana et qu'il était aux États-Unis cet été. «On a donc travaillé à distance, mais c'était le fun, justement, de travailler autrement.»

Autrement, c'était de toute façon comme ça qu'Hugo Lapointe abordait cet album: «C'était la première fois que je demandais des chansons à d'autres artistes. Sur mes deux autres albums, j'avais tout écrit et composé, sauf pour une couple de reprises. Mais cette fois, je voulais faire autrement. J'ai gardé quatre de mes chansons, mais je suis aussi allé cogner aux portes... et il a même fallu que j'arrête de cogner aux portes parce que je recevais trop de propositions!»

Au nombre de ceux dont la porte s'est ouverte, il y a Daniel Boucher: «Daniel était surpris que je lui demande une chanson, il n'avait jamais vraiment fait ça, écrire pour quelqu'un d'autre. Alors, il est allé grimper le Kilimandjaro et, à son retour, il a écrit Laisse-moi lousse. Avec les arrangements inclus, tout. C'est d'ailleurs la seule qu'on a gardée comme elle nous était proposée.» Y compris la fin du texte, dont on dira qu'elle est un peu crue. «C'est vrai, mais comme c'est la chanson préférée de ma mère sur l'album, je me dis que ça doit être correct», répond Lapointe en riant.

Boucher a d'ailleurs participé à l'enregistrement en chantant avec Hugo sur sa chanson, de même que Daniel Lavoie a «crié dans un porte-voix» une partie de sa chanson Le livre des records et que frérot Éric a fait les harmonies vocales dans L'amour à l'urgence, écrite par Hugo et Jamil. «C'est à cause d'Éric que je connais Jamil, qui est tout un poète, explique Hugo. Un jour, j'étais dans l'appartement d'Éric et je faisais le ménage de ses disques (rires), je vois le disque de Jamil, même pas déballé (c'était Pitié pour les femmes lancé en 2004), je le déballe, je l'écoute avec Éric et on a adoré. Éric a fait appel à Jamil pour écrire Bar Tendresse il y a des années. Moi, je lui ai envoyé une musique et un petit bout de texte, et il en a fait la chanson L'amour à l'urgence, disons qu'on sent qu'il sait de quoi il parle.»

Tout l'album est ainsi fait de chansons solides signées Hugo Lapointe et de chansons aussi solides signées par une pléiade d'auteurs-compositeurs chevronnés: Lynda Lemay a donné l'un des morceaux qu'elle garde dans l'un ou l'autre de ses cahiers de chansons, Daniel Lavoie a concocté trois musiques, Pierre-René de Cotret et Luc De Larochellière ont proposé des chansons vraiment fortes qui parlent du monde en guerre et de vieillesse, etc.

«Ce sont des sujets pour lesquels je n'ai jamais trouvé les mots pour en parler. Cette fois, j'ai aussi vraiment pris mon temps pour écrire des textes. Mon idée, c'était de rendre justice à ce qui se passait sur scène quand je donne des shows, quelque chose de pas trop épuré, avec même de petites imperfections, à l'état brut. Et j'ai essayé différents styles musicaux parce que ça ne me tente pas d'être catalogué pop ou rock ou bossa nova ou reggae: mon but, conclut Hugo Lapointe en riant, c'est de donner mal à la tête aux disquaires!»

ROCK

HUGO LAPOINTE

HUGO LAPOINTE

DIFFUSION YFB/DEP

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