«Cette programmation a pour objet d'humaniser l'image qu'on a de la musique électroacoustique, que plusieurs croient froide et cérébrale... J'ose affirmer que cette musique peut être aussi sensuelle et organique», tient à souligner Nicolas Bernier, compositeur et directeur artistique du petit festival Akousma qui se tient quatre soirs d'affilée au Studio Hydro-Québec du Monument National.

L'an dernier, ce modeste festival consacré aux musiques électroniques dites sérieuses a fait salle comble pour la majorité de ses programmes. C'est dire l'intérêt que soulève cette niche longtemps considérée comme minuscule. Depuis le milieu du siècle précédent, en fait, les musiques électroniques ne cessent de gagner du terrain dans l'imaginaire musical et ainsi s'inscrire dans les répertoires populaires et/ou sérieux.

Ce mercredi, Akousma présentera d'abord une soirée deep listening, expression que préconise l'octogénaire Pauline Oliveiros pour qualifier un mode de vie fondé sur l'écoute de tous les environnements sonores que fréquente quotidiennement l'humain. Considérée comme une pionnière des musiques électroacoustiques aux États-Unis, la compositrice vient à Montréal y présenter deux fresques qu'elle avait créé pour bande seule, numérisées depuis... la disparition des bandes magnétiques!

Au cours de cette même soirée sous le thème deep  listening, le compositeur torontois Mitchell Akiyama (qui a vécu quelques années à Montréal) fera son retour sur scène au terme d'un cycle académique - il vient de terminer un doctorat sur le «field recording». Ses oeuvres électroniques seront accompagnées d'un quatuor à vent, composé des clarinettistes Philippe Lauzier et Lori Freedman ainsi que des flûtistes Guy Pelletier et Geneviève Deraspe.

La soirée de jeudi sera acousmatique, une spécialité de l'organisme Réseaux qui produit Akousma; les oeuvres de Mathew Adkins et Martin Bédard seront alors diffusées en «multiphonie» (traduction libre de notre interviewé du terme anglais surround),  et ce dans l'obscurité totale.

Sous le thème machines, le programme de vendredi s'annonce le plus spectaculaire de tous. Le compositeur Martin Messier y présentera une oeuvre pour huit machines à coudre reliées à des procédés informatiques permettant moult extrapolations et traitements sonores, tant sur le plan des textures que de ceux du rythme. Le programme sera complété d'une oeuvre composée par Félix-Antoine Morin sur un «orgue sirène», instrument inventé par son collègue Jean-François Laporte qu'il combines avec des  musiques numérisées.

Nommée folktronica, la soirée de samedi mettra en relief le jeune compositeur allemand Alexander Schubert (alias Sinebag), qui s'applique à lier sons de synthèse et sons tirés d'instruments acoustiques ou analogiques. Se joindront au musicien le clarinettiste Philippe Lauzier et le percussionniste Michel F Côté. Le même soir, Nicolas Bernier proposera son propre travail, qui incluera le guitariste Simon Trottier, membre de l'excellent groupe canadien Timbre Timbre.

Les plus mordus d'Akousma se présenteront dimanche à la salle Eastern Bloc (angle Clark et Jean-Talon), pour y entendre la musique de Sébastien Roux dans le cadre de la soirée B.

La niche électroacoustique s'annonce pleine, inutile de l'ajouter.

Pour infos sur Akousma: https://www.reseauxconcerts.com/fr