« Ceux qui se présenteront à mon concert auront droit à un album quand celui-ci sera finalisé. Une pré-vente, en quelque sorte », résume le Montréalais Steve Amirault, un de nos meilleurs pianistes de jazz... que d'aucuns considèrent comme le meilleur en ville.

Ainsi vont le jazz local et ses modestes labels spécialisés qui ne peuvent absorber toute la création d'ici. Au lieu d'attendre que l'industrie de l'enregistrement se redresse, un musicien d'expérience a choisi une forme créative de financement. À l'instar de Richard Desjardins qui avait fait de même pour son album solo Les derniers humains, à une époque où aucun label ne voulait l'endosser, Steve Amirault se prend en main.

« J'ai été chanceux à l'époque où je me suis installé à Montréal. Je n'avais que 22 ans et je pouvais travailler beaucoup. Dans toutes sortes de conditions, dans ces bars qui disposaient de pianos tout croches, avec toutes sortes d'orchestres. Je travaillais quand même ! Or, cette vie n'existe plus. Les compagnies de disques ont beaucoup de difficultés de nos jours... Je préfère donc travailler seul, du moins pour l'instant. »

Originaire de Nouvelle-Écosse, issu d'une famille acadienne, Steve Amirault vit à Montréal depuis un quart de siècle. Cet excellent pianiste a fait partie de plusieurs formations en plus d'en diriger plusieurs. Son trio actuel est composé de deux excellents musiciens, peut-être la plus excitante des sections rythmiques de notre nouvelle scène jazzistique: le bassiste Rémi-Jean LeBlanc et le batteur Samuel Joly.

C'est dans ce cadre que chante Steve Amirault, en plus de jouer.

« J'écris des textes de chansons depuis longtemps. Je ne pensais jamais les chanter moi-même, j'en enregistrais quelques-unes avec l'intention de les suggérer à d'autres chanteurs, afin que ces chansons aient une vie. Un jour, je me suis dit que je pourrais en interpréter moi-même quelques-unes dans mes concerts. Je me suis alors mis à répéter, j'ai pris des cours de chant, et voilà.

« Au départ, j'interprétais une pièce par set pour me dégêner. Maintenant, c'est tout le contraire, je ne joue qu'une seule pièce instrumentale ! Rémi-Jean et Samuel sont plus jeunes, ils écoutent du rock indie et son capables de groover. Ça donne un son assez frais. Et, n'ayez crainte, on fait ça comme des musiciens de jazz. Il y a des solos, tout de même ! »

Le trio de Steve Amirault se produit jeudi soir, 21h et 22h30, O Patro Vys. Les spectateurs présents auront droit à un album pour avoir acheté une place de ce concert spécial.