Il y avait de l'émotion, de l'amour et de la musique, beaucoup de musique. Le rappeur-harmoniciste Bad News Brown a eu droit à des funérailles à son image, lundi, dans une église pleine à craquer du quartier Saint-Henri, à Montréal.

La famille, les amis du disparu et la communauté hip-hop montréalaise sont venus par centaines saluer Bad News Brown, de son vrai nom Paul Frappier, assassiné le 11 février dans le quartier La Petite-Bourgogne.

Avant le début de la cérémonie, à 10h30, l'église Saint-Zotique était presque remplie. Devant l'autel, une quinzaine de portraits installés sur des trépieds montraient le rappeur souriant, harmonica en main. Sa musique jouait en sourdine.

Les proches de la victime ont fait leur entrée dans l'église vers 11h. Sa soeur, Lynne Frappier, a été la première à prendre la parole. «S'il vous plaît, faites que son souvenir reste vivant», a-t-elle dit avant de réciter un poème.

Puis, un amie, Khalila Gee, a interprété le Ave Maria, la voix brisée par les sanglots. Le ton des funérailles était donné.

Tout au long de la cérémonie, qui a duré plus de deux heures et demie, les proches du rappeur mort à 33 ans se sont succédés au micro pour lui rendre hommage. Ils ont évoqué son talent musical, son sourire, son sens de l'humour, son humanisme et son côté rassembleur.

Son père, Pierre Frappier, a raconté avec tendresse le parcours de son fils. Né à Port-au-Prince, Paul Frappier est arrivé au Québec alors qu'il avait à peine dix jours.

«Dès son jeune âge, Paul était une boule d'énergie, il avait un rire contagieux, a dit Pierre Frappier. Impossible de résister à ce petit bonhomme débordant de malice et déjà doué pour le spectacle.» Le rappeur avait trois frères et soeurs.

Un ami de longue date, Micheal Suski, a souligné à quel point Bad News Brown avait changé depuis la naissance de son fils Izaiah, âgé de 3 ans. «Je ne l'ai jamais vu aussi heureux qu'avant et aussi désireux de réussir qu'avant», a-t-il dit.

Son gérant, Henry-François Gelot, s'est dit honoré d'avoir travaillé avec celui qu'il appelle son frère, un musicien au talent «intemporel».

Entre les témoignages et les prières, des amis artistes de Bad News Brown sont venus jouer des airs de jazz, de folk et de gospel. La chanteuse Sylvie Desgroseillers a interprété Amazing Grace avec l'harmoniciste Guy Bélanger.

À la sortie de l'église, des membres de la communauté hip-hop montréalaise ont salué le génie de l'artiste, qui a déjà assuré la première partie des concerts de Snoop Dog, Kanye West et 50 Cent. «Il a réussi à propager une musique d'abord instrumentale», a rappelé Beyondah. Biz, membre du groupe Loco Locass, était lui aussi présent.

Pas d'arrestation

La Service de police de la Ville de Montréal n'a pas encore arrêté de suspect. «L'enquête progresse et nous regardons diverses hypothèses», a dit Simon Delorme, porte-parole du SPVM.

Bad News Brown a été vu pour la dernière fois à 22h le 11 février. Il a quitté sa maison de la Petite-Bourgogne en disant à sa compagne Natasha qu'il allait rencontrer quelqu'un. Des passants ont découvert son corps deux heures plus tard à l'angle des rues Richmond et William. Il aurait été tué par balle.

Bad News Brown n'a jamais caché qu'il a traversé une période délinquante dans la jeunesse, mais ses proches ont toutefois affirmé qu'ils ne lui connaissaient aucun ennemi.