Melissa Auf der Maur ne se lasse pas de vanter les mérites de Montréal partout où elle passe et elle se promène beaucoup. Si elle a accepté d'être l'invitée d'honneur du 10e Festival Voix d'Amériques (FVA) avec Michel Faubert, en plus de faire le spectacle d'ouverture, c'est précisément parce qu'elle croit que le FVA représente parfaitement l'identité de sa ville natale.

Nous joignons Melissa Auf der Maur à New York, où elle est en train de peaufiner son spectacle d'ouverture du FVA, tout en mettant le point final à la tournée Out Of Our Minds, du titre de son dernier album. Ce spectacle unique à La Tulipe demain soir sert aussi de laboratoire à ses futurs projets. «Les expérimentations pour ce show, c'est le début de mon prochain chapitre, puisque je commence à travailler sur mon nouvel album.»

Nous devons nous attendre à un concert expérimental, qui ira «du minimal acoustique» jusqu'au «rock heavy», selon la chanteuse. «J'ai aussi invité une équipe d'artistes vidéo, Foumalade, pour faire des projections qui seront les images de mon monde, de mon univers. Ce sera un spectacle très dynamique et très diversifié. Je voulais utiliser de nouveaux paysages sonores et visuels. Je vais revisiter mon matériel, mais je vais aussi rendre hommage à d'autres artistes.»

La «carte blanche» offerte par D.Kimm, directrice artistique du FVA, «c'est le paradis pour moi», dit-elle. «Elle avait une perspective très inspirante sur ma musique, elle a vu que j'étais une artiste qui voulait expérimenter, avant même que je sorte l'album Out Of Our Minds. C'est le premier festival de spoken word où je suis invitée et je suis très contente. Même si je suis plus traditionnellement rock, j'ai une façon de développer des thèmes et des histoires qui se rapproche du conte.»

Pour Melissa Auf der Maur, le FVA représente l'esprit de Montréal. «C'est ce que j'aime le plus lorsque je décris Montréal à des gens de l'extérieur, ce parti pris pour l'avant-garde, l'expérimentation, je crois qu'il y en a plus ici que dans la majorité des villes.»

Et, bien sûr, le caractère bilingue de l'événement, qui réunit les artistes des deux solitudes, est peut-être ce qui la ravit le plus. Selon la chanteuse, les contacts entre les artistes francos et anglos de Montréal se sont beaucoup accrus dans les dernières années, particulièrement dans le monde de la musique, ce qui est assurément, à son avis, à l'origine du fameux «son de Montréal». «Les francophones sont souvent plus dans l'avant-garde que les anglophones, dit-elle. Je crois que cela a beaucoup influencé les anglophones de Montréal. En tout cas, c'est le côté francophone de Montréal qui m'a incitée à devenir plus «artistique».

La preuve est certainement le triomphe d'Arcade Fire aux récents Grammy. «C'est un groupe excellent, qui représente les jeunes et les adultes qui aiment l'alternatif. Je pense que c'est incroyable qu'une institution aussi traditionnelle que les Grammy reconnaisse ça. C'est presque devenu mainstream! Et c'est toujours bon quand il y a de l'alternatif dans le mainstream. Enfin, ça ne prend pas Arcade Fire pour savoir qu'il se fait de la très bonne musique à Montréal. L'explosion existe depuis quelques années, avec Godspeed You! Black Emperor, The Stills, The Dears, Malajube... Ça fait 20 ans que j'attends que Montréal soit reconnu pour son côté musical et artistique!»

Après avoir connu la vie de groupe et bourlingué avec les groupes Tinker, Smashing Pumpkins et Hole, Melissa Auf der Maur poursuit une carrière solo qu'elle hésite à qualifier de solo, tant l'échange est pour elle une dimension essentielle de sa démarche. «Je trouve ma voie de plus en plus, mais une carrière solo, pour moi, cela veut dire la liberté de faire beaucoup de collaborations et de choisir mon environnement, de faire des choix et ne pas rester coincée dans la même chose.» Quoi de mieux que le FVA pour en profiter?

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Melissa Auf der Maur, demain 20 h, à La Tulipe. Infos: www.fva.ca ou 514-495-1515. Le Festival Voix d'Amériques a lieu jusqu'au 18 mars.