Stéphanie Beaudet est allée au festival Coachella, dans le désert de la Californie, à trois reprises, dont la première fois pour son voyage de noces. «Chaque fois que je mets les pieds sur le site, je me dis que, si je travaille toute l'année et que je cours comme une folle avec les enfants, c'est pour pouvoir savourer ces trois jours de musique, indique la mère de deux garçons de 7 et 10 ans. Nos familles ne comprennent pas qu'on y retourne si souvent au lieu de se payer de plus beaux voyages avec plus d'intimité.»

L'été dernier, Stéphanie et son mari, qui travaillent dans le domaine des télécommunications, sont allés voir Arcade Fire au Festival d'été de Québec avec leurs enfants, qui ont aussi suivi leurs parents à Osheaga. «Ils ont bien hâte de nous accompagner à Coachella, indique leur mère de 36 ans. Je crois qu'ils ont la piqûre eux aussi.»

Melissa Maya Falkenberg fait aussi du tourisme musical (comme des dizaines de mélomanes qui ont répondu à notre appel à tous sur Twitter). L'animatrice de Folk toi, folk moi, sur les ondes de CISM, a fait plusieurs pèlerinages musicaux, que ce soit à Memphis, pour visiter les studios de Sun Records, à Nashville, pour le musée du country, à Chicago, pour remonter l'histoire de Chess Records («qui a fait le pont entre le blues et le rock»), ou encore au Rock And Roll Hall of Fame de Cleveland.

Dans trois semaines, celle qui est aussi animatrice de Vox Montréal se rendra à Las Vegas pour un festival de rockabilly auquel participera nul autre que Jerry Lee Lewis. «Pour moi, la musique est une excuse pour partir.»

Le tourisme musical est en pleine effervescence. En octobre dernier, l'organisation britannique UK Music a commandé une étude à l'École de tourisme de l'Université Bournemouth pour mesurer «l'importance de la musique comme stimulateur de tourisme». À Montréal, les festivals de musique Osheaga, MEG et Nuits d'Afrique font partie du nouveau Collectif de festivals montréalais (CFM) qui a annoncé la semaine dernière une stratégie pour attirer plus de touristes à Montréal.

Il y a deux semaines, au festival South by Southwest d'Austin, au Texas, nous avons rencontré une jeune femme de New York, Alexa Cabello, qui a visité Montréal pour la vitalité de sa scène indie-rock. «Il y a tellement de bons groupes montréalais. Je voulais voir de quoi avait l'air la ville et de quoi ils s'inspirent. Depuis, j'apprends même le français», disait-elle.

Parlez-en aux employés de la Casa del Popolo et de la Sala Rossa, qui voient des touristes débarquer depuis que le Rolling Stone et le New York Times ont parlé du rôle important qu'ont eu les deux salles dans l'ascension des Arcade Fire, Wolf Parade et compagnie.

Plus de la moitié des festivaliers d'Osheaga sont de l'extérieur de Montréal, tout comme 36 000 des 160 000 détenteurs de billets pour les deux spectacles de U2 à l'Hippodrome, l'été prochain. «Ces gens-là dépensent et voient notre belle ville», indique Jacques Aubé, vice-président et directeur général d'evenko, qui se réjouit de voir que Heavy MTL a maintenant un petit frère à Toronto.

Depuis cinq ans, Montréal et plusieurs autres villes ont leur propre festival, alors que dans les années 90 déambulaient surtout des festivals itinérants. «C'est maintenant un outil de marketing touristique. Ça positionne la ville comme étant branchée et à l'affût des tendances», expliquait l'été dernier à La Presse Catherine Moore, directrice du programme de l'industrie de la musique à l'Université de New York.

Pour la première fois cette année, le Festival de jazz offre des «forfaits intégrés», avec transport et hébergement. Pour ce faire, le festival est allé chercher un permis d'agence de voyages. Les touristes (qui forment 28 % de la clientèle) peuvent ainsi acheter des forfaits «clé en main» avec une trousse du festivalier, des activités (soirée jazz en bateau-mouche, par exemple), un accès privilégié à des jams et un rabais de 15 % pour les billets de spectacles. «C'est une expérience complète plus intégrée», indique Normand Paquette, agent de développement et de promotion touristique pour le Festival de jazz, les FrancoFolies et Montréal en lumière.

Et tout le monde y gagne au change: les restaurateurs, les hôteliers et même les autres événements et régions du Québec. «En général, les gens veulent découvrir plus grand que le festival», souligne M. Paquette.

En rafale

> Duran Duran sera en spectacle au National le 26 avril (billets en vente samedi).

> Sleepover, nouvel album de Socalled, sortira avec Dare to Care Records le 3 mai, et un spectacle de lancement aura lieu le 12 mai au Cabaret du Mile End.

Suggestion de la semaine

Cults > Couple dans la vie, Madeline Follin et Brian Oblivion forment le duo Cults. Les New-Yorkais originaires de San Diego sont influencés par le charme rétro et les harmonies vocales des Shangri-Las. En mettant la chanson Outside sur le site Bandcamp, en décembre dernier, ils n'avaient pas prévu décrocher un contrat avec une filiale de Sony et travailler avec le réalisateur Shane Shoneback (Sleigh Bells, Vampire Weekend). En attendant un premier album qui devrait sortir au printemps, Cults sera en spectacle samedi au Il Motore. https://cults.bandcamp.com/

Sorties de la semaine

Femme Fatale, Britney Spears

Gimme Some, Peter Bjorn and John

Precious, Ima

Safari Disco Club, Yelle

Screaming Bloody Murder, Sum 41

Doggumentary, Snoop Dogg

The King of Limbs, Radiohead

Putain de stade, Indochine

Belong, The Pain of Being Pure At Heart

Belt of Venus, The Blue Seeds

Charm School, Roxette

Baby I..., Philippe Tisseyre