Quelques semaines à peine après avoir tenté un retour sur scène, le fantaisiste et musicien Jérôme Lemay est mort à l'âge de 77 ans.

Le décès de l'ancien membre du duo les Jérolas a été constaté mercredi soir à la Cité de la Santé de Laval, où il était hospitalisé depuis qu'il a éprouvé un malaise sur la scène du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, le 31 mars dernier, à Montréal.

La batterie de tests avait révélé que Jérôme Lemay avait été victime d'un coup de chaleur et qu'il souffrait d'anémie.

L'équipe médicale avait ensuite décelé un cancer. C'est cette maladie qui l'a emporté, a confirmé la relationniste Narimane Doumandji. Jérôme Lemay avait commencé à suivre des traitements de chimiothérapie en début de semaine, mais il était déjà trop tard.

«Il était tellement heureux de revenir et de faire partie des Jérolas encore une fois, a témoigné Gilles Latulippe, qui a participé au montage de leur dernier spectacle. C'était inespéré pour lui, ça faisait des années qu'il se demandait s'il allait revivre ça, et finalement c'était arrivé.»

Des spectacles de la dernière tournée des Jérolas avaient déjà eu lieu en région ou dans la banlieue de Montréal, et même en Floride, devant un public content de revoir ceux qui animaient les belles soirées du «Montreal by night» dans les années 1950 et 1960.

«Il ne semblait pas malade du tout lors des répétitions, il était très enthousiaste, a confié M. Latulippe. Leur retour a été gâché par cette maladie, le cancer, et personne ne s'en doutait. Tout le monde pensait qu'il avait tellement mis de travail et d'ardeur pour le retour des Jérolas et qu'il était fatigué, mais finalement, ce n'était pas ça, c'était un maudit cancer.»

On se souviendra des Jérolas comme l'un des «rares duos issus du cabaret qui ont duré et qui ont continué comme ils étaient dans les cabarets», a estimé l'historien de l'humour Robert Aird, qui enseigne à l'École nationale de l'humour.

«En général, leur humour était plutôt ludique, plus éclaté, a-t-il poursuivi. C'est peut-être pour cette raison qu'ils se sont distingués des humoristes des années 1970 comme les Cyniques, Yvon Deschamps et Clémence Desrochers, dont l'humour était plutôt politique.»

Alors que Jean Lapointe incarnait le «comique un peu niais», Jérôme Lemay était le straight du duo, a rappelé M. Aird.

«C'est souvent un rôle ingrat, mais on n'a pas idée de l'importance du rôle du straight, parce que c'est lui qui nourrit le comique. Sans le straight, le comique ne vaut pas grand-chose.»

Jérôme Lemay, veuf depuis l'automne 2010, avait renoué sur scène avec Jean Lapointe après que ce dernier eut quitté le Sénat canadien, en 2010.

Au cours de son histoire, le duo a enregistré une vingtaine d'albums. Méo Penché, dont Jérôme Lemay a signé les paroles et la musique, a été élevé au rang de classique par la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN) en 1999 et fait l'objet de plusieurs reprises.

Jérôme Lemay, qui était né le 22 août 1933 dans le Témiscamingue, était le 10e d'une famille de 11 enfants.

Sa famille, toujours en état de choc, a indiqué qu'elle n'accorderait aucune entrevue pour l'instant.