«L'expression anglaise push the envelope signifie aller le plus loin possible, repousser les limites. Or, cette programmation me semble repousser vers les quatre coins de l'enveloppe!»

La métaphore d'André Ménard, cofondateur du Festival international de jazz de Montréal, résume cet éclectisme préconisé par sa direction artistique pour sa 32e présentation. Le dévoilement de la programmation en salle, c'est-à-dire 180 concerts présentés du 25 juin au 4 juillet prochains, en témoigne.

Au premier coin de l'enveloppe, on repère des artistes populaires issus de divers horizons, générations, styles et cultures. On veut des noms? En voici.

Robert Plant et son Band of Joy sous la direction de Buddy Miller, Daniel Lanois et son Black Dub, kd lang en mode country, Sade et Men Without Hats en mode renaissance, Peter Frampton en mode nostalgie quand tu nous tiens, Champion en mode guérison totale. Et puis Madeleine Peyroux, Steel Pulse, Youssou N'Dour, Keren Ann, Wanda Jackson, Pink Martini, Colin James, Milton Nascimento, Marianne Faithfull en exclusivité nord-américaine, Random Recipe, Buck 65, The Roots, The Dears, Afrodizz, Don McLean, America, Southside Johnny, The Jolly Boys,  Sophie Hunger, America, Florence K, Ana Moura, Clara Furey, Eliza Doolittle, Emilie Clepper, le projet gitano-roumain GRUBB, Trombone Shorty, Bootsy Collins et autres Ron Sexmith.

Le deuxième coin? Nous voilà au rayon des pointures jazzistiques que préconise la programmation d'un événement majeur qui porte toujours cette étiquette rassurante. À cette enseigne, plusieurs habitués sont de retour. Brad Mehldau en solo ou duo avec Joshua Redman, Diana Krall en solo, Dianne Reeves en trio de chanteuse aux côtés de Lizz Wright et Angélique Kidjo (semi jazz?), Gonzalo Rubalcaba et Richard Galliano en tandem, Paco de Lucia en septuor renouvelé. Et puis Belà Fleck, Oliver Jones, Erik Truffaz, Kenny Garrett en hommage à son beau-père, Dee Dee Bridgewater, John Surman, Emily Claire Barlow, Alain Caron, Return to Forever sous la gouverne de Chick Corea, Tony Bennett, Dave Brubeck, Nikki Yanovsky avec l'Orchestre métropolitain, Esperanza Spalding et sa Chamber Music Society.

Au troisième coin de l'enveloppe se trouvent les jazzmen émergents sur la planète jazz, les artistes ou groupes attendus des mélomanes, les rarissimes avant-gardistes ainsi que les musiciens valeureux qui dynamisent notre scène locale. La formation norvégienne Jagga Jazzist, la chanteuse new-yorkaise Gretchen Parlato, le big band de Darcy James Argue, le quartette de David Binney, les trois soirées du guitariste Marc Ribot, les trois soirées de l'oudiste tunisien Anouar Brahem, le prodige arménien Tigran Hamasyan (cette fois avec son quintette), le trompettiste français Stéphane Belmondo, la saxophoniste Grace Kelly, la chanteuse Holly Cole, le clarinettiste Don Byron, le guitariste Eivind Aarset et son Sonic Codex, le groupe scandinave In The Country, la violoniste Regina Carter, le saxophoniste Mark Turner, le pianiste et chanteur Steve Amirault, le Jazzlab d'Alain Bédard, le groupe Lifetime de la pianiste Geri Allen, la chanteuse Anne Bisson, la guitariste flamenca Caroline Planté, le pianiste cubain Harold Lopez-Nussa, le pianiste et violoniste français Thomas Enhco, la chanteuse China Moses, le Tremblement du fer du saxophoniste et compositeur montréalais Pierre Labbé, le saxophoniste Jean-Pierre Zanella, récipiendaire du Prix Oscar-Peterson cette année.

N'oublions pas ce quatrième coin de l'enveloppe qu'occupent le cinquième Salon de la guitare de Montréal et la série Guitarissimo, prévus du 1er au 3 juillet dans le cadre du FIJM «Un festival dans le festival», dixit son fondateur, Jacques-André Dupont. Ses must? Jake Shimabukuro, virtuose absolu du ukulélé, sans compter les guitaristes Freddy Koella, Laurence Juber, Kaki King ou Kurt Rosenwinkel. Qui plus est, des dizaines de grands luthiers seront invités au SGM, des centaines de guitares haut de gamme y seront exhibées. Et l'on ne compte pas le sixième Camp de blues que chérit également Jacques-André Dupont et dont les auditions se tiendront ce week-end.

Alors, cette enveloppe?

«Surprises, grands noms et légendes vivantes», résume le président et cofondateur du Festival, Alain Simard.

«Trente-deux ans... les années passent. On a vieilli, mais pas trop mal», observe André Ménard, dont la direction artistique est complétée par les programmateurs Caroline Johnson, Laurent Saulnier et Johanne Bougie.

En guise d'ouverture à cette conférence de presse tenue à L'Astral, le pianiste, auteur, compositeur et arrangeur montréalais John Day, jeune artiste de grande qualité dont le jazz peut être l'une des multiples couleurs de la palette, a été invité à offrir un fragment de son répertoire. C'est dire le ton... et le contenu de l'enveloppe.