Les 80 000 spectateurs venus assister au second concert de U2 sur le site de l'Hippodrome samedi soir ont profité du beau temps, mais surtout de l'expérience du public de la veille. Aucune bousculade, peu d'attente dans les transports en commun, mais surtout des organisateurs qui ont opéré le monstre U2 360 et ses 160 000 fans avec une main de maître.

«On vient de vivre un moment exceptionnel dans l'histoire du rock'n'roll. C'est incroyable. Tout a été à la perfection. On ne peut malheureusement pas contrôler l'orage de vendredi soir. Je pense que tout s'est déroulé encore mieux que ce qu'on avait prévu dans le sens qu'on s'attend toujours à une défaillance quelque part. Mais rien! Aucune hésitation, les admirateurs ont été exceptionnels, tout comme la température. C'est historique!», a dit à La Presse Jacques Aubé, vice-président directeur général du groupe Evenko juste après le concert de samedi soir.

«Le groupe était très impressionné par le site. Je les ai rencontrés avant et ils ont dit que c'était magnifique. Bono était emballé et Edge m'a fait un signe de la tête quand je lui ai parlé du public. Vendredi, ils sont venus en hélicoptères, mais pas ce soir», a-t-il précisé. «On parle de trente millions de retombées économiques en deux jours et de la visite de 20 000 personnes de l'extérieur du Québec et 40 000 visiteurs au terme qui définit le tourisme selon tourisme Québec. C'est énorme, gigantesque, historique et surtout jamais vu!».

Un public averti

La majorité des spectateurs du concert de samedi ont pu se rendre à l'hippodrome plus tôt et ainsi éviter les lenteurs des transports en commun de la veille, jour de semaine. Si certains admirateurs étaient sur le site depuis 11h du matin pour avoir la chance d'avoir la meilleure place sur le parterre, beaucoup sont arrivés seulement en début d'après-midi samedi pour profiter du Fan Jam. Une zone où l'on retrouve une cinquantaine de tentes de commanditaires et où il était possible de manger, de se divertir, mais surtout de se rafraichir jusqu'à 18h30, le tout au tarif habituel (3$ le Hot Dog, 4,50$ la bouteille d'eau, 7$ la bière) de ce genre d'évènement à grand déploiement, non sans rappeler la rue Crescent en période de Grand Prix.

«Je suis arrivée à 15h30. Il y avait beaucoup de monde dans le métro, mais ça a été très rapide. J'ai préféré arriver tôt et rester tranquille à l'un des stands du Fan Jam pour boire un verre», explique Audrey, 37 ans de la Rive-Sud de Montréal.

S'il fallait compter plus d'une heure vendredi pour franchir les trois stations de métro entre Snowdon et Namur, sur la ligne orange, on parlait de 20 à 30 minutes samedi vers 18h15 pour se rendre sur le site où la décontraction était au rendez-vous. «Nous on est des Laurentides, on a garé notre auto près du métro Laurier et ça nous a pris moins de 30 minutes pour nous rendre ici», a expliqué Paul, 50 ans à La Presse.

Francesco et Angela, irréductibles admirateurs de U2, étaient présents pour le second soir. «On les aime bien ! On avait essayé de les voir deux soirs de suite quand ils sont venus en 2005, mais on n'avait pas réussi. Alors cette fois on s'y ait pris un an et demi à l'avance et on a attendu patiemment. Hier, on est arrivé à 16h30, mais aujourd'hui tout va plus vite et à 18h50, la place est déjà plus remplie. L'ambiance n'est pas du tout comme au Centre Bell, on a l'impression d'aller au Grand Prix», explique le couple de trentenaires. «Hier, on a plus souffert de la pluie que du transport en lui même», ajoutent-ils.

La moyenne d'âge des admirateurs venus applaudir U2 se situait (à vue d'oeil) entre 25 et 50 ans, même si de nombreux parents avaient choisi d'emmener leurs enfants pour découvrir leur groupe irlandais favori.

Peu avant le début du concert, un petit avion a survolé le site, tirant une banderole sur laquelle on pouvait lire: «Karine, veux-tu m'épouser. Guy».

Le stade n'était pas encore tout à fait plein lorsque Interpol est monté sur scène. Une bagarre dans la foule du parterre s'est déclenchée entre trois individus et plusieurs personnes avaient visiblement abusé de l'alcool au cours de leur journée sur le site, mais la sécurité réagissait au quart de tour.

Lentement mais sûrement

La sortie des 80 000 spectateurs s'est faite au compte goutte et dans le calme. Une partie du public a choisi de ne pas attendre les rappels du groupe sur scène pour éviter les bousculades de la veille. D'autres ont préféré rester et continuer à célébrer au Fan Jam, où les festivités ont continué jusqu'à deux heures du matin pour près 10 000 personnes.

La météo aidant, la sortie a été beaucoup plus facile pour le public de samedi soir. En effet, l'orage de la veille avait provoqué le départ précipité des 80 000 spectateurs pour se mettre à l'abri dans le métro.

«Je n'ai pas honte de dire que ce weekend a été exceptionnel, du point de vue artistique, mais aussi de l'organisation générale, c'est à dire de ce que le promoteur et l'ensemble des services de la ville ont abattu comme travail. Le premier soir il y a eu quelques difficultés avec les navettes de la STM à cause de la pluie, mais le correctif a été apporté samedi après-midi. Compte tenu des 160 000 spectateurs et d'emplacement, il était impossible d'aller plus vite ou de faire mieux. Tout a été au-delà de nos espérances», a expliqué Daniel Bissonnette, directeur associé cinéma festivals et évènement de la Ville de Montréal.

«Nous n'avons effectué aucune arrestation et il n'y a eu aucun problème majeur. Ça a bien roulé, le plan qu'on avait prévu a été mis en action.  Samedi soir, ça a bien été, la météo nous a facilité les choses pour la sortie du public et ça s'est fait beaucoup plus calmement que vendredi. Vers une heure du matin, presque plus personne n'était autour du site», a précisé André Leclerc, relationniste au SPVM.

Des invités de marque

La rumeur voulant que l'actrice Julia Roberts, à Montréal pour le tournage de Snow White,  était à l'hippodrome samedi soir s'est confirmée lorsque Bono l'a remercié sur scène pour son implication dans la campagne ONE.

«Julia Roberts était là ce soir et on a vu Colin Farrel. On a même marché avec lui», ont précisé Christine Montreuil et Caroline Audet, relationnistes de presse du groupe Evenko.

La Presse a également croisé Grégory Charles et sa conjointe.«J'ai vu tous les spectacles de U2 à Montréal. Je les trouve inspirants et je repars toujours avec des ambitions», dit-il.

Marc Labrèche était aussi au rendez-vous, accompagné de sa conjointe Marilou et de la journaliste Alexandra Diaz.  «C'est notre 4e spectacle de U2. On était aussi au lancement du DVD à Cannes. Les installations du spectacle sont majestueuses et c'est un concert historique. Hier, c'était la générale, et ce soir le vrai spectacle!», a dit à la blague Marc Labrèche.