De petits groupes de fans ont veillé à la bougie cette nuit devant le domicile londonien d'Amy Winehouse tandis qu'affluaient les hommages à la diva soul et trash, qui a chanté l'addiction avant de rejoindre le cercle des chanteurs disparus à 27 ans, de Jim Morrison à Jimi Hendrix et Janis Joplin.

Bouquets, photos et messages jonchaient le trottoir dimanche matin à Camden Square, dans le nord de Londres, devant l'appartement où la chanteuse a été retrouvée morte samedi après-midi après une carrière météorique minée par les problèmes de drogue et d'alcool.

«Amy, ton talent immense nous manquera», pouvait-on lire sur une note. «Chère Amy, je suis contente que tu sois enfin à la maison, je t'aime, princesse», indiquait un petit mot épinglé à une plume.

Amy Winehouse, dont la silhouette ultra-fine, les yeux soulignés de noir et l'immense chignon «choucroute» étaient devenus familiers des journaux populaires, luttait depuis plusieurs années avec des problèmes d'alcool et de drogue.

Elle était sortie récemment d'une cure de désintoxication, avant de tenter un retour dans le cadre d'une tournée estivale de concerts en Europe vite annulée.

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La police, appelée par le service des ambulances samedi peu avant 16h05 (10h05, heure de Montréal) n'a pu que constater le décès.

Il reste dans un premier temps «inexpliqué», souligne la police, qui a précisé dimanche qu'«aucune date pour l'examen médico-légal ne serait fixé avant lundi matin».

Un cordon de police avait bouclé dans la soirée la rue qui passe devant le domicile de la chanteuse et vers 20H00 GMT, une ambulance privée noire a emporté le corps dans une housse mortuaire rouge.

Le propriétaire d'un restaurant local, Ze Silva, 56 ans, a témoigné avoir vu la jeune femme mardi dernier. «Elle m'a dit, darling, ne me donne pas d'alcool, je ne bois plus».

Un porte-parole de la chanteuse défunte a déclaré que son père Mitch, un ancien chauffeur de taxi devenu chanteur de jazz, rentrait immédiatement de New York où il devait donner un concert.

Amy avait grandi dans un milieu populaire juif du nord de Londres. Son père lui chantait des chansons de Sinatra lorsqu'elle était petite et elle a eu sa première guitare à 13 ans.

Son producteur Mark Ronson a évoqué «un des jours les plus tristes de ma vie. C'était mon âme soeur sur le plan musical, et comme une véritable soeur pour moi».

La chanteuse Lily Allen, deux ans de moins à peine qu'Amy, s'est déclarée «au-delà de la tristesse». «Il n'y a rien d'autre à dire. C'était une âme perdue, qu'elle repose en paix».

Les journaux britanniques évoquaient dimanche «un talent et un gâchis immenses».

La chanteuse de soul, dont la voix - et les fragilités - ont pu être comparées à celles de Billie Holiday ou Janis Joplin, aura été une étoile filante, avec un premier album, Frank, sorti en 2003 et un second - et dernier - Back to Black (2006) au succès mondial.

Une des chansons tirée de Back to Black, Rehab, fait référence à ses refus de se plier aux cures de désintoxication.

C'est précisément après une cure, à la demande de son père Mitch, qu'elle avait repris une tournée européenne en juin.

Mais elle était apparue à Belgrade titubante, incapable d'articuler correctement les paroles de ses chansons, et en fin de compte conspuée par ses fans.

«Amy Winehouse se retire de toutes ses représentations», avait annoncé peu après son agent.

Une première alerte sérieuse l'avait conduite à l'hôpital en août 2007, pour overdose. En juin 2008, elle est conduite à l'hôpital après s'être évanouie.

«Qu'elle rejoigne tous les talents morts à 27 ans et se retrouve en compagnie de Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison et Kurt Cobain n'est pas une consolation», écrit tristement dans le Sunday Times la journaliste et fan de la chanteuse India Knight, «mais j'espère qu'elle est enfin en paix».