Les festivals se suivent et ne se ressemblent pas au parc-Jean-Drapeau. Après les très gentils Week-ends du monde, l'île Sainte-Hélène a accueilli, le week-end dernier, le très méchant festival Heavy MTL, consacré au métal et tous ses dérivés, avec une quarantaine de groupes au menu.

Plus de 32 000 billets ont été vendus pour les deux jours de l'événement, soit 10 000 de moins que l'an dernier. Cette baisse s'explique peut-être par la présence de Kiss, qui était chargé de clore les hostilités dimanche soir, avec son glam-rock des années 70. Malgré toutes les qualités du quatuor, pas sûr que ce style soit la tasse de thé des «vrais» métalleux. Et puis bon, c'était la quatrième visite du groupe en deux ans...

Qu'on se comprenne: leur spectacle pyrotechnique fait encore son effet. Voir Kiss, quand on aime le cirque du rock'n'roll, c'est un peu comme être devant un arbre de Noël qui clignote de tous ses feux. Il faudrait être bien cynique - ou snob comme le collègue Alain Brunet! - pour ne pas apprécier la dimension visuelle de cette flamboyante machine à tubes glam-rock.

Cela dit, force est d'admettre que Paul Stanley (plus matante que jamais, avec ses interventions hystériques) et Gene Simmons ne faisaient pas le poids après Motörhead, l'autre tête d'affiche du festival, qui les précédait dimanche soir. Plus rock'n'roll que métal pur, certes, mais, quand on parle de rock qui tue, le trio de Lemmy Kilmister demeure la référence absolue.

Pour le parrain du heavy, pas besoin d'effets spéciaux et de bottes de sept pouces: ses lunettes en miroir, sa voix de fumeur et sa moustache de Gaulois font amplement le travail. Le sexagénaire nous a donné une autre leçon de «rock'n'fuckin'roll», qui n'a malheureusement pas récolté l'enthousiasme mérité. À ce stade de la (longue) journée, la foule était visiblement assommée, que ce soit par les excès de speed, le soleil ou la performance métal-prog emphatique du groupe Opeth, qui avait précédé Motörhead.

Chose certaine, ça faisait drôle de voir tous ces «métalleux» à t-shirts noirs dans le décor enchanteur du parc Jean-Drapeau, entre les roseaux, les bosquets et les petits étangs romantiques. Public plutôt jeune, faut-il préciser, même si on voyait ici et là quelques calvities et cheveux grisonnants. Foule mixte, surtout, ce qui tranchait avec l'idée répandue que le métal est une affaire de gars. C'était peut-être vrai. Ça ne l'est plus.

Petit mot pour finir sur les kiosques du site. Demander cinq dollars pour trois morceaux de melon ou un hot-dog, c'est indécent. Surtout quand on sait que les laissez-passer du week-end coûtaient 150$. Il y a des limites à l'exploitation.